[CRITIQUE] : Disco Afrika : Une histoire malgache
Réalisateur : Luck Razanajaona
Acteurs : Parista Sambo, Laurette Ramasinjanahary, Joe Lerova, Drwina Razafimahaleo,...
Distributeur : Sudu Connexion
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Malgache, Allemand, Mauricien, Africain du sud, Qatari.
Durée : 1h20min.
Synopsis :
Madagascar, aujourd’hui. Kwame, 20 ans, tente de gagner sa vie dans les mines clandestines de saphir. Suite à un événement inattendu, il doit rejoindre sa ville natale où il retrouve sa mère, d’anciens amis, mais aussi la corruption qui gangrène son pays. Ballotté par des sentiments contraires, il va devoir choisir entre argent facile et fraternité, individualisme et éveil à une conscience politique.
On ne peut pas forcément dire que Madagascar soit l'une des destinations les plus prises d'un septième art qui, jusqu'ici, ne s'est pas forcément attaché plus que de raison à son histoire comme à la réalité de son quotidien; une vérité à peine contredite par un cinéma malgache ambitieux mais encore fragile - et au financement difficile.
Tout juste ce rappelle-t'on, quitte à jouer la carte des exemples les plus récents et/où marquants, du très beau et doux-amer L'Île Rouge de Robin Campillo, où le cinéaste sondait les dernières heures de l'ère coloniale au coeur de l'île de Madagascar - le début des années 70 -, à travers le regard d'une famille de militaire occidentale basée sur place et confrontée de plein fouet à cette mutation, à ce retour de bâton d'une domination française qui ne doit plus être - l'indépendance du pays ayant été déclaré dix ans plus tôt.
C'est maigre comme exemple, rachitique même.
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Jolie surprise dès lors de découvrir une œuvre telle que Disco Afrika : une histoire malgache, estampillé premier long-métrage co-écrit et réalisé par le cinéaste local Luck Razanajaona, adoubé par les grosses réunions Berlinoise et Torontoise, une chronique d'une simplicité brute qui s'en va ausculter tous les maux qui gangrène l'île rouge (corruption endémique, pression étatique, violence exacerbée, précarité,...), au détour des pérégrinations come des idéaux contradictoires d'un jeune mineur qui extrait des pierres précieuses dans des rivières comme des mines clandestines, Kwame, symbole d'une jeunesse désenchantée mais résiliente face à l'oppression et l'injustice, tout autant bouffée par un manque profond de perspective qu'une absence cruelle de liberté.
Un jeune homme a peine entré dans l'âge adulte mais qui en connaît tous les travers, une figure hantée par la mort de son paternel et qui, suite au décès traumatisant de son meilleur ami, est obligé de retourner dans son village natal.
Drame initiatique sous tensions et aux forts accents politiques et engagés, où la musique (majoritairement jazzy) a une vraie place - métaphorique comme expressive - à part entière, le film, dont le chaos narratif embrasse celui de sa propre nation, n'en reste pas moins un beau premier effort prenant et didactique dénué de tout misérabilisme putassier, qui vaut décemment son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier