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[CRITIQUE] : Okja


Réalisateur : Bong Joon-ho
Acteurs : Seo-Hyun Ahn, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano, Lily Collins, Steven Yeun, Giancarlo Esposito,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Aventure, Science-Fiction, Drame.
Nationalité : Sud-Coréen, Américain.
Durée : 1h58min.

Synopsis :
Pendant dix années idylliques, la jeune Mija s'est occupée sans relâche d'Okja, un énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une multinationale familiale capture Okja et transporte l'animal jusqu'à New York où Lucy Mirando, la directrice narcissique et égocentrique de l'entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille.
Sans tactique particulière, mais fixée sur son objectif, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage. Son périple éreintant se complique lorsqu'elle croise la route de différents groupes de capitalistes, démonstrateurs et consommateurs déterminés à s'emparer du destin d'Okja, tandis que la jeune Mija tente de ramener son ami en Corée.



Critique :


Il n'y a rien de plus exaltant que d'attendre le nouveau long-métrage d'un des cinéastes que l'on chérit le plus, surtout quand il incarne, potentiellement, le nouveau bijou d'un faiseur de rêve dont le talent est au moins à la hauteur de son amour du cinéma bien fait.
Et Okja, nouveau film du génial Bong Joon-ho, a sensiblement titillé notre cinéphilie depuis plusieurs mois, pour ne pas en faire l'un des rendez-vous les plus importants de notre année ciné 2017.


Servant une seconde fois un genre qu'il a renouvelé avec une maestria sans bornes il y a onze ans avec The Host, le papa de Memories of Murder nous revient par la petite porte (appelée à devenir de plus en grande) Netflix avec Okja donc, film de monstre façon conte moraliste et moderne dont l'intelligence et la puissance forcent méchamment le respect.
En prenant pour toile de fond l'amitié extraordinaire entre Okja, un animal fantastique incarnant le croisement improbable entre un cchon et un hippopotame, et la jeune Mija (Ahn Seo-hyun, véritable coeur vibrant du récit), Joon-ho traite une nouvelle fois son histoire sous un angle humain, et amorce sans trembler un portrait aussi tragi-comique que terrifiant, des dérives du capitalisme, de sa charge acide contre les multinationale à celle, tout aussi satirique, de notre société engoncée dans l'hyperconsommation (doublée d'un regard nécessaire sur la condition cruelle des animaux d'élevages).


Film d'aventure façon satire anticapitaliste - comme The Host -, jouant constamment sur les contrastes, aussi bien thématiquement qu'esthétiquement parlant (de la nature verdoyante d'une forêt montagneuse formidable, au cadre étouffant d'une extravagante mégalopole US) out en offrant un traitement véritablement animal de son monstre (intelligent, organique et follement empathique); Okja, quasi-oeuvre somme du cinéaste (à la mise en scène toujours aussi virtuose), porté par un casting en tout point fantastique (Gyllenhaal est génialement terrifiant, Swinton est fantastique) et une volonté incroyable de marier le singulier et l'universel avec un humanisme terrassant, est de ces oeuvres obsédantes qui constituent de vraies et nécessaires expériences cinématographiques.


Odyssée poétique fun et extraordinaire (dans le fond, entre capitalistes et écolos, la péloche ne compte que la bouleversante quête d'une ado cherchant son cochon), vrai pamphlet habité du XXIème siècle, le Joon-ho est de ces peintures belles, terrifiantes et pures, dont on n'a pas fini d'admirer la richesse et (surtout) l'importance.

Jonathan Chevrier