[CRITIQUE] : Sur la route de Sacramento
Réalisateur : Michael Angarano
Acteurs : Michael Angarano, Michael Cera, Kristen Stewart, Maya Erskine,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h29min.
Synopsis :
Rickey et Glenn improvisent un voyage de Los Angeles à Sacramento.
Parfois, plus encore que le drame, le road movie est le genre cinématographique le plus propice à laisser parler, sincèrement, les émotions d'une histoire et de ses personnages, sans doute parce que la simplicité évidente qu'il convoque (aller d'un point A à un point B), lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple à la fois physique et intime.
L'essence même, au fond, de l'influence apporté au genre par le cinéma américain (et, en grande partie, par la figure tutélaire qu'est John Ford), délicatement bâti sur les aspirations et les désirs - qu'ils soient bons comme mauvais - de protagonistes promis à une vraie catharsis émotionnelle.
Et puis, après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?
(Ouais parce qu'on ne fait pas que regarder des films, on lit aussi un peu).
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Décemment loin d'être fait pour péter généreusement dans la soie de l'originalité, Sacramento - aka Sur la route de Sacramento par chez nous - du couteau-suisse Michael Angarano (réalisateur, co-scénariste avec Christopher Nichols Smith et comédien vedette, rien que ça), a tout du road movie comico-dramatico-reconfortant à la lisière du buddy movie, tellement familier et prévisible qu'il semble avoir été inconsciennement fournit au spectateur avec son mode d'emploi, quasiment à la ligne de dialogue près.
Mais dans sa légèreté évidente il a un double argument de poids : un quatuor vedette incarné composé d'Angarano donc, mais surtout de Maya Erskine, Michael Cera et Kristen Stewart.
Et tout de suite, même si un bon casting ne surpasse jamais vraiment les maladresses et la fragilité d'un scénario, la péloche roule toujours avec ses solides pilotes sur la voie de la sécurité, apportant ce qu'il faut de poids et de puissance à une comédie indépendante introspective certes sans prétention mais savoureusement charmante.
Totalement vissé sur l'alchimie étrange mais attachante et aux chamailleries presque Beckettiennes de ses personnages titres, l'histoire s'attache aux retrouvailles entre deux amis d'enfance brouillés : Rickey, un manipulateur immature qui tente de surmonter le décès de son père, et Glenn qui lui, est un névrosé heureux en mariage et futur papa, tente de faire face à son anxiété, son licenciement et à ses - nombreuses - autres insécurités de jeune adulte; le premier ayant convaincu le second de rouler de la Californie à Sacramento pour disperser les cendres de son paternel.
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À la fois doux et douloureusement vrai dans sa manière d'explorer sans artifices mais avec un humour complice, des angoisses autour de la parentalité, du (difficile) passage à l'âge adulte et de la tentative complexe d'essayer de toujours incarner la meilleure version de soi-même (et encore plus pour des figures n'ayant jamais réellement su affronter la réalité); Sacramento se fait un petit bout de dramédie sensible et poignant sur des âmes décalées et perdues dans leur obligation d'embrasser à la fois un âge ingrat, guérir les blessures du passé et retrouver une harmonie commune - presque - impossible.
Une étude de personnage brute et tendre, nuancée et subtile, qui a tout d'une nouvelle filmée totalement transportée par son fantastique duo vedette.
Une (très) jolie découverte, qui aurait mérité une meilleure sortie qu'en catimini, par la case VOD...
Jonathan Chevrier







