[CRITIQUE] : Animal Totem
Réalisateur : Benoît Delépine
Acteurs : Samir Guesmi, Olivier Rabourdin, Solène Rigot, Pierre Lottin,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min.
Synopsis :
De l’aéroport de Beauvais à La Défense, accompagné de sa valise à roulettes, Darius traverse à pied campagnes et banlieues pour mener à bien, et sans empreinte carbone, une mystérieuse mission.
Depuis leurs débuts aussi bien chez la sacro sainte émission Groland que sur grand écran, le tandem Benoît Delépine/Gustave Kervern s'est évertué à baser aussi bien son regard que son humour, sur une restitution férocement décalée et satirique de la réalité de notre société contemporaine, parfois de manière inégale - tout en restant intéressante cela dit -, mais souvent de manière juste et jubilatoire.
Si on avait laissé le tandem réunit avec En même temps satire politico-burlesque peut-être un poil trop étiré parfois, mais joliment ludique et jubilatoire, entre désinvolture et désespérance, absurde et constat doux-amer, comique de situation et dialogues ciselés, chaos foutraque et saillies cinglantes; c'est séparé qu'on les retrouve cette fois en ce mercredi de décembre chargé en sorties (doux hasard du calendrier... où pas), Kervern en second couteau d'une jolie petite comédie (La petite cuisine de Mehdi d'Amine Adjina), et Delépine à la tête de son premier long-métrage en solitaire, Animal Totem, ne dénote absolument pas dans le paysage du duo.
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Porté par un (toujours) exceptionnel Samir Guesmi, qui a enfin l'occasion de briller en tête d'affiche, le film arpente à pieds et armé d'un absurde toujours aussi affuté en bandoulière, le road movie si cher au cinéaste au détour d'une véritable fable sauce film à sketchs vissé sur l'étrange mission d'une figure imperturbable, qui répond directement à l'intelligence sociologique et aux affres du prosaïsme du quotidien de Louise Michel et I Feel Good (avec la même question essentielle en filigrane : comment en sommes-nous arrivé là ? Comment romperons-nous cette autodestruction programmée ?), tout en taclant mignon un capitalisme toujours aussi dévastateur.
Si la musique est sensiblement la même (on est totalement en terrain familier et conquis, même si la mise en scène est une fois conventionnelle) et que même sans son comparse de toujours, le Benoît ne cherche absolument pas à bousculer leur mélodie gagnante (un prisme écolo acéré couplé à une belle couche d'humour complice, le tout certes saupoudré de quelques facilités d'écriture mais qui laisse toujours place à une réflexion en son coeur, toujours plus fine et limpide qu'elle n'en à l'air), difficile de chipoter face à une telle invitation à l'écriture granuleuse et inventive, menée tambour battant et totalement dans l'air du temps.
Vivement la suite, comme assez souvent avec les rescapés de Groland...
Jonathan Chevrier






