[CRITIQUE] : Elle entend pas la moto
Réalisatrice : Dominique Fischbach
Acteurs : -
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
À la veille d’une célébration familiale, Manon, jeune femme sourde et lumineuse, rejoint ses parents en Haute-Savoie. Dans la beauté des paysages alpestres, l’histoire du clan se redéploie entre archives familiales et images filmées par la réalisatrice depuis 25 ans. Porté par la force intérieure de Manon, le film trace un chemin d’épreuve et de résilience. La parole émerge enfin, là où le silence a longtemps régné.
Film diffusé en version sous-titrée français.
Qu'on se le dise, c'est dans pleinement l'intelligence d'une approche que réside, souvent (toujours ?), la singularité comme la puissance d'un remarquable documentaire.
En apparence, il n'y a rien de plus simple au fond sur le papier, que le procédé opéré par la réalisatrice Dominique Fischbach (dont c'est le premier long-métrage), à travers son (très) lucide et magnifique effort, Elle entend pas la moto, à savoir remettre au centre de la table l'importance de la communication dans une société qui s'enferme de plus en plus dans un silence de plomb (et encore plus, dans une société française où la question - comme la considération - du handicap n'a eu d'intérêt pour le gouvernement en place, que sur une poignée de jours " olympiques " sur quasiment deux quinquennats... et encore), tout autant que de dresser le portrait rétrospectif (au moment dune réunion familiale, lors de vacances estivales en Haute Savoie) d'un quart de siècle d'existence, vingt-cinq années d'instants d'intimité capturés avec tendresse et bienveillance, de la vie de Manon et de toute de sa famille, femme née sourde comme son petit frère Maxime, malgré des parents entendants.
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| Copyright Epicentre Films |
En procédé simple en apparence seulement, tant le parti pris choisi par la cinéaste est des plus malins et vivants : une mise en scène complice et sans réserve du réel (et avec un vrai travail sonore, offrant un - léger et modeste - aperçu du quotidien de sa lumineuse figure centrale qui " n'entend pas la moto ", comme le dit si bien son petit bout de chou absolument adorable), une plongée immersive et perspicace au plus près de l'intimité grisante et des souvenirs (à coups d'une pluie d'archives) d'une famille ayant dû s'adapter avec le handicap et la surdité de deux de ses membres.
Au plus près des joies et comme des frustrations qui ont animés leur histoire commune marquée par les difficultés, les maladresses et l'apprentissage mais avant tout et surtout, l'amour, la patience et la résilience.
Témoignage poignant et épuré, bienveillant et solaire, Elle entend pas la moto suscite une empathie naturelle tout autant qu'il laisse une marque étonnante - voire même un brin mélancolique - sur son spectateur, même longtemps après sa vision.
Jonathan Chevrier


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