[CRITIQUE] : Girls For Tomorrow

Réalisatrice : Nora Philippe
Acteurs : -
Distributeur : Una Mattina Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Belge, Bulgare, Hollandais.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
En 2015, la réalisatrice débarque à New York avec un bébé dans les bras. En quête d’alliées pour renégocier maternité et féminisme et pour repenser le monde dans lequel sa fille grandira, elle découvre Barnard College, une prestigieuse université pour femmes. Sa rencontre avec Evy, Lila, Anta et Talia, quatre étudiantes engagées, marque le début d’un voyage intime et politique qui dure(ra) dix ans. D’Obama à Trump, tandis qu’elles construisent leur vie adulte, elles sont traversées par #MeToo, la crise climatique, Black Lives Matter; elles ont 30 ans aujourd’hui et représentent les visages de la résistance.
Au coeur d'un océan de sorties où il est difficile de ne pas crouler sous les vagues incessantes des propositions diverses et variées (dont la quasi-intégralité, sont elles-mêmes menacées d'être écrasé sous le poids des plus imposantes d'entre-elles, la dureté d'une distribution hexagonale à la fois profondement grisante et douloureusement frustante et cruelle), quelques productions arrivent néanmoins à se démarquer et à titiller plus que les autres, notre intérêt.
Notamment du côté d'un giron du documentaire trop rarement mis en avant - tout du moins, par les cinéphiles les moins avertis.
Aux côtés d'une autre séance sensiblement immanquable - Elle entend pas la moto de Dominique Fischbach -, Girls for Tomorrow de Nora Philippe est clairement fait de cette pellicule-là, magnifique documentaire jonglant autant entre la chronique intime et l'essai cinématographique profondément grisant.
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| Copyright Una Mattina Films |
Sur le fond tout autant que du côté du parti pris de sa structure fragmentée, dans la simplicité comme la bienveillance de son exposé, difficile de ne pas rapprocher ce premier effort à ceux récents d'Ariane Mohseni-Sadjadi et Lalita Clozel - Homelessly in Love - et de Lea Clermont-Dion - La Peur au ventre -, aussi bien dans sa célébration sororale que dans sa totale compréhension des réalités d'une société contemporaine effrayante où l'on recule plus que l'on avance, où il n'y a rien de plus important que de lutter pour le moindre de nos droits.
Pensé sur dix ans et au plus près de quatre femmes attachantes dont elle suit avec délicatesse l'évolution - tout comme la sienne, non sans heurts -, leur quête de sens, d'appartenance et de construction dans un monde patriarcal où l'affirmation de soi et le questionnement des normes est une lutte quotidienne (une Amérique dont elle capture les immenses bouleversements entre les mandats d'Obama et Biden); la cinéaste dresse un canevas à la fois authentique et lucide, entre désillusions et espoirs, d'un combat féministe à la fois collectif et intime continuellement entravé mais essentiel.
Une belle ode à la force de la solidarité féminine tout autant qu'un vrai geste de transmission cinématographique et humain.
Jonathan Chevrier

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