Breaking News

[CRITIQUE] : SISU : Le chemin de la vengeance


Réalisateur : Jalmari Helander
Acteurs : Jorma Tommila, Stephen Lang, Richard Brake, Einar Haraldsson,...
Distributeur : Sony Pictures Entertainment France
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Américain, Finlandais.
Durée : 1h28min.

Synopsis :
1946. Aatami Korpi retourne en Carélie, un territoire occupé par les Soviétiques, là où sa famille a été brutalement assassinée pendant la guerre. En leur honneur, il démonte la maison familiale et la charge sur un camion, bien déterminé à la reconstruire en lieu sûr. Lorsque l'Armée rouge est informée de sa présence, Igor Draganov, l'assassin de sa famille, va tout mettre en œuvre pour en finir et tuer l'ancien soldat légendaire. Mais Aatami n’est pas surnommé « l'homme qui refuse de mourir » pour rien…





Il y avait une savoureuse odeur de bisserie déviante et qui tâche sévère, alliée à du western spaghetti gentiment réchauffé au micro-ondes, qui émanait de la pellicule rouge sang du chouette SISU - De l'or et du sang de Jalmari Helander, qui demandait instinctivement toute suspension d'incrédulité à son auditoire, pour se laisser bercer par les bras musclés d'un Midnight Movies pulpeux, primitif et gentiment absurde, qui s'amuse avec les codes du survival sous tension et de l'actionner décomplexé, avec un doigt - évidemment charcuté - de film de guerre.

Un pur morceau grindhouse et sanglant venu du froid, qui malgré quelques chutes de rythme surprend par l'imagination et l'ironie mordante dont il fait preuve pour alimenter son chaos - un petit esprit Neveldine/Taylor pas dégueulasse.
Pas le genre de péloches à avoir toujours le mérite de fouler nos salles obscures donc mais bien plus à venir garnir en catimini, des catalogues VOD dont on a souvent très peu connaissance des nouveautés.

Copyright Sony Pictures Entertainment France

Ce qui, comble d'ironie, est le sort qui sera réservé à son improbable suite (reprenant là où le premier s'était terminé), Sisu : Le chemin de la vengeance, toujours chapeautée par un Helander qui a depuis traversé l'Atlantique pour aller s'occuper du dispensable prequel à la saga Rambo (une idée à la con, mais un engagement cohérent), et jouant savoureusement la carte du bigger and louder brutal et déglingué, avec un pitch tenant encore un peu plus sur une feuille de papier cul Lotus que son ainé : de retour sur le lieu où sa famille a été brutalement assassinée pendant la guerre, notre cher héros taciturne, Aatami Korpi, démonte sa baraque, la charge sur son camtar et est déterminé à la reconstruire ailleurs sauf que le commandant soviétique qui a tué sa famille revient pour en finir.

Une monumentale erreur sauf pour les spectateurs chanceux que nous sommes, tant le film reprend la même formule que son ainé tout en poussant les potards au maximum et en allant encore plus à l'essentiel : moins de dialogues, moins de personnages mais dans le même mouvement, une tension plus palpable, une créativité sanglante encore plus exacerbée et une action résolument plus viscérale et spectaculaire.
Tout repose - où presque - intelligemment sur la physicalité imposante d'un Jorma Tommila encore plus mutique et halluciné que jamais (et auquel se greffe un Stephen Lang toujours aussi charismatique), et la propension d'Helander à composer un chaos de chair, de sang et de flammes rythmé et grimpant crescendo sur l'échelle de l'exagération débridée.

Copyright Sony Pictures Entertainment France

Sauvage et régressif tout en ayant le bon ton de s'assumer tout du long, Le Chemin de la vengeance c'est typiquement du bon film d'exploitation à des années lumières d'être fin (où alors comme un parpaing de maroilles) mais qui se mange sans faim et qui aurait décemment lui aussi, mérité sa petite exploitation en salles, entre deux aller-retours sur Pandora.
Tellement que, par chez nous, on serait même tenté d'en demander un peu de rab avec une nouvelle extension de la saga, quand Helander en aura fini avec Rambo au Vietnam...


Jonathan Chevrier