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[CRITIQUE] : La Condition


Réalisateur : Jérôme Bonnell
Acteurs : Swann Arlaud, Louise Chevillotte, Galatéa Bellugi, Emmanuelle Devos,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
C’est l’histoire de Céleste, jeune bonne employée chez Victoire et André, en 1908. C’est l’histoire de Victoire, de l’épouse modèle qu’elle ne sait pas être. Deux femmes que tout sépare mais qui vivent sous le même toit, défiant les conventions et les non-dits.





Pas forcément des plus cités dans la galerie des comédiens les plus indispensables de sa génération, Swann Arlaud est pourtant, pleinement, de ses vrais talents discrets mais importants au coeur d'un septième art hexagonal qui les compte sur les doigts d'une main mecjamment amputée.
Un comédien capable de tout jouer, même l'improbable (ce n'est pas quune simple formule, prenons pour exemple, le rôle d'un vilain d'un film super-heroïque bien de chez nous) mais avant tout et surtout de rendre crédible le moindre personnage auquel il donne vie sur grand écran, quitte même à se montrer parfois bien plus imposant que l'écriture qui les caractérise.

Ce qui, jusqu'ici, ne caractérisait absolument pas le cinéma de Jérôme Bonnell, typiquement de ces petites bouffées d'air frais dont on ne se lasse jamais vraiment, bardées de séances rafraîchissantes qui, à l'instar de celui peut-être encore plus essentiel d'Emmanuel Mouret, explore avec justesse les tourments amoureux et le feu ardent de la passion naissante, à ceci près qu'il lui arrive aussi de dépeindre son pendant plus tragique, quand celui-ci se fane et laisse place - souvent - à l'amertume.

Copyright Diaphana Films

L'union de ces deux talents accouche d'une perfectible mais prenante proposition, La Condition, libre adaptation du roman Amours de Leonor de Recondo, où le second fait du premier un époux notaire et toxique du début du siècle dernier, tyrannisant les deux des figures féminines centrales vivant sous son toit : son épouse, Victoire, et sa bonne, Céleste, qui a son contact et par le fruit de la causalité, vont intimement se rapprocher au moment où la seconde se découvre enceinte - par la faute du mari, évidemment.

Typiquement, sur le papier, la définition même d'un drame bourgeois au sein duquel manichéisme et classicisme ne sont censés faire souvent qu'un, mais dont Bonnell vient pourtant gentiment pervertir autant les attentes que les racines redondantes, que ce soit de part une mise en scène particulièrement vivante et élégante, un sens du dialogue affûté mais aussi et surtout à travers une ambition féministe jamais prétexte, qui vient nourrir autant son portrait pluriel de la condition féminine de l'époque, qu'une dénonciation (plus suggestive que frontale, certes) de la violence psychologique comme physique, du patriarcat.

Copyright Diaphana Films

Beau film de comédiens/comédiennes, d'où émerge une poignée de prestations irrésistibles (Swann Arlaud - brillant en monstre détestable mais humain -, Emmanuelle Devos - parfaite même si peu présente en matriarche antipathique - mais avant tout et surtout une étonnante Louise Chevillotte, au jeu aussi nuancé que complexe), captivant et authentique même si sensiblement plombé par quelques longueurs qui saccage mignon son rythme.

Du bel ouvrage néanmoins, qui pourrait bien incarner un solide outsider dans la future course aux statuettes dorées.


Jonathan Chevrier