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[CRITIQUE] : Live By Night


Réalisateur : Ben Affleck
Acteurs : Ben Affleck, Brendan Gleeson, Chris Cooper, Chris Messina, Elle Fanning, Sienna Miller, Zoe Saldana,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Thriller, Policier, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Boston, dans les années 20. Malgré la Prohibition, l'alcool coule à flot dans les bars clandestins tenus par la mafia et il suffit d'un peu d'ambition et d'audace pour se faire une place au soleil. Fils du chef de la police de Boston, Joe Coughlin a rejeté depuis longtemps l'éducation très stricte de son père pour mener une vie de criminel. Pourtant, même chez les voyous, il existe un code d'honneur que Joe n'hésite pas à bafouer : il se met à dos un puissant caïd en lui volant son argent et sa petite amie. Sa liaison passionnelle ne tarde pas à provoquer le chaos. Entre vengeance, trahisons et ambitions contrariées, Joe quittera Boston pour s'imposer au sein de la mafia de Tampa…



Critique :


Même si sa carrière est désormais rythmée par les prises de décisions encore maladroites, d'un DC-verse rêvant très (trop ?) fort de concurrencer le mastodonte MCU, Ben Affleck n'en reste pas moins l'un des cinéastes ricains les plus plaisants à suivre du moment.

Pour son quatrième passage derrière la caméra, mais surtout son premier long métrage post triomphe aux oscars (le brillant rouleau compresseur à statuettes dorées Argo), le nouveau Batman opère un léger retour aux sources en adaptant - après Gone Baby Gone - un des romans du grand Dennis Lehane, Live By Night; ou une plongée au coeur du crime durant la prohibition.


En prenant pour point d'ancrage le destin d'un gentil gangster, Joe Coughlin, rejeton criminel d'un Boston bouillant comme la braise (comme son héros de The Town), fils d'un brave poulet décidant de naviguer de l'autre côté de la loi après avoir subi de plein fouet l'horreur de la Grande Guerre; Affleck affirme - volontairement ou non - encore un petit peu plus sa filiation évidente avec le cinéma du vénéré Michael Mann - tout en louchant allègrement sur celui de Marty Scorcese au passage -, dans un hommage prenant et appliqué aux films de gangsters, aussi solide qu'il est attachant dans ses (quelques) faiblesses.

Reprenant, sans la moindre fausse note, tous les codes du polar hard boiled en y incorporant ce qu'il faut de drame - malgré une romance un brin naïve -, d'humour noir et de passages obligés; le cinéaste, aussi bien à l'aise devant (il est convaincant, et même attachant, dans la peau charismatique d'un bandit aux traits nuancés) que derrière la caméra (sa mise en scène, impliquée, est encore une fois solide dans l'action), offre sa vision de la prohibition américaine, des terres furieuses de Boson à celles chaudes de Tampa (sublime restitution à la clé), autant pimpante qu'un poil lisse comparé aux références du genre (Boardwalk Empire en tête).


Porté par une histoire foisonnante sur le papier (ça effleure à la fois les inégalités sociales et l'importance de la religion au sein des communautés qui peuplent le pays, à l'intérieur d'un script assez dense) qui ne brille pourtant pas par son originalité (la comparaison avec ses pairs est aussi inconsciente qu'inévitable, et cela ne le sert guère); Live By Night déroule son rythme feuilletonnant avec intensité, faisant la part belle à une galerie de seconds couteaux finement croqués, sublimés par une direction d'acteurs hors pair, et des dialogues savoureux dans lesquels les punchlines pleuvent avec délice.

Fresque ambitieuse et violente sur la prohibition, certainement trop sage et un brin maladroit dans son traitement pour réellement marquer un genre iconisé par une pluie de films d'exceptions au fil des décennies; Live By Night n'en est pas moins un polar classieux et efficace, solidement charpenté et interprété.


Dommage donc, qu'il se borne beaucoup trop à saluer ses ainés avec révérence, plutôt que de bousculer leur hiérarchie avec insolence.
Un chouïa décevant malgré de jolies fulgurances, mais quand on sait que les films de Ben Affleck se hissent sans trop forcer, au-dessus de la mêlée des productions annuelles...


Jonathan Chevrier



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