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[CRITIQUE] : Love & Mercy, la véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys


Réalisateur : Bill Pohlad
Acteurs : Paul Dano, John Cusack, Elizabeth Swank, Paul Giamatti, Jake Abel,...
Distributeur : ARP Selection
Budget : -
Genre : Biopic, Musical, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Derrière les mélodies irrésistibles des Beach Boys, il y a Brian Wilson, qu’une enfance compliquée a rendu schizophrène. Paul Dano ressuscite son génie musical, John Cusack ses années noires, et l’histoire d’amour qui le sauvera.


Critique :


Ce mois de juillet ciné de la riche année 2015 sera décemment inscrit sous le signe de la bonne musique, et même plutôt deux fois qu'une.

En attendant de découvrir le documentaire intime et buzzé sur la regretté Amy Winehouse (Amy, en salles le 8 juillet), mais surtout de retrouver les Bellas plus en forme que jamais dans le (très) sympathique Pitch Perfect 2 - énorme succès du B.O. US ces dernières semaines -, on commence déjà à swinguer dès le premier mercredi des sorties avec Love & Mercy de Bill Pohlad.


Ou le biopic officiel de Brian Wilson, leader prodige des Beach Boys, groupe mythique des 60's et auteur d'une pléthore de hits tout en étant, accessoirement, les vrais rivaux des Beattles - plus encore même que les Rolling Stones.

Signé par le roi des vrais-faux biopics musicaux du moment, Oren Moverman (le projet avorté sur Kurt Cobain, le magistral I'm Not There de Todd Haynes), Love & Mercy, à l'instar du biopic complexe et et à la narration éclatée de Bob Dylan, s'attache à décrire de la plus juste des manières la personnalité de son héros vedette, tout en lui faisant changer de visages pour exprimer au mieux les changements de conditions de Wilson.

Paul Dano (en tout point exceptionnel) incarne sa jeunesse créatrice - mais constamment harcelée par le doute - de ce génie à la virtuosité aliénante, tandis que l'inestimable John Cusack (bouleversant et dans son meilleur rôle depuis des lustres) campe un Wilson plus mûr, la quarantaine ravagée par la folie et drogué aux médocs.


Profondément subtil, subjectif et évitant tout didactisme, le film de Bill Pohlad, loin du fan-service à la bande son du tonnerre, est une fine et émouvante chronique sur un homme intérieurement sombre, torturé par ses névroses et la dépression, mais cependant capable d'accoucher de tubes aussi lumineux qu'exaltants.

Minutieux, informatif et joliment fascinant, Love & Mercy est un poignant témoignage sur la création et l'expérimentation musicale (jouant sur la répétition des sessions d'enregistrements, Polhad nous fait suivre toute la naissance et la fabrication de l'album Pet Sounds, le meilleur du groupe), mais également sur la dépression (les scènes de combats contre la maladie mentale sont particulièrement intense), que seul une romance sincère et délicate peut véritablement atteindre.

Porté par un casting remarquable (outre Dano et Cusack, Elizabeth Swank est merveilleusement dans la peau de Melinda, une vendeuse de voiture qui s'amourache de Wilson tandis que Paul Giamatti incarne à la perfection Eugene Candy, un psy terrifiant qui en veut à la fortune du leader des Beach Boys) et une mise en scène aussi assurée que maitrisée; la péloche s'avère également une incroyable expérience ludique et sensorielle.


Ludique et sensorielle, puisque en jouant sur nos connaissances (évidentes) du groupe, Polhad et Moverman impliquent le spectateur de la plus belle des manières en l'invitant à se perdre sous le rythme et les mélodies de chansons dont il est difficile de ne pas en reprendre toutes les paroles.

Universel, bouleversant et en tout point parfait, Love & Mercy est un pur bonheur sur pellicule intimiste et étourdissant qui tutoie du bout de la partition la magie du rock & roll, à l'instar du superbe Presque Célèbre.

Dès le premier mercredi de juillet le ton est donné, avec Victoria et le film de Pohlad, l'été ciné 2015 vient déjà de donner deux de ces œuvres les plus immanquables...


Jonathan Chevrier