[CRITIQUE] : Une Belle Fin
Réalisateur : Uberto Pasolini
Acteurs : Eddie Marsan, Joanne Froggatt, Karen Drury,...
Distributeur : Version Original/ Condor
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Britannique, Italien.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu'au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.
Critique :
#UneBelleFin ou un hymne à l'humanité tendre, délicat et d'une justesse folle porté par un E.Marsan en tout point époustouflant @VersionVO
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 17 Avril 2015
Au même titre que l'inestimable Bill Nighy, le génial Eddie Marsan est sans conteste l'un des meilleurs seconds couteaux du cinéma britannique (mais pas que) de ses vingt dernières années, et dont la bouille attachante en ferait presque le Droopy du septième art chez au royaume de la reine Elizabeth.
Fort d'une carrière menée d'une main de maitre depuis plus de quinze ans maintenant, l'ayant fait fouler les plateaux de quelques-uns des plus grands cinéastes de notre époque (Alejandro González Iñárritu, Woddy Allen, Terrence Malick, Michael Mann, Peter Berg, Richard Linklater, Guy Ritchie, Steven Spielberg ou encore Edgar Wright et Bryan Singer), le bonhomme a connu plus d'une vie aussi bien devant que derrière la caméra, et peut se targuer d'être l'un des ses talents aussi demandés qu'ils sont discrets.
Cette semaine, il nous revient dans les salles obscures en tant que premier rôle avec l'alléchant Une Belle Fin du très rare producteur et réalisateur italien Uberto Pasolini.
Ou l'histoire aussi simple que sympathique de John May, qui se passionne pour son travail de modeste fonctionnaire d'une société funéraire dans une banlieue de Londres.
Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches.
Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus.
Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin...
Qu'on se le dise et ce sans aucun doute possible, Still Life aka Une Belle Fin (sublime titre vf pour le coup, fait assez rare pour être remarqué) est l'une des plus belles surprises cinématographiques de ce début d'année ciné 2015, un pur bijou à l'état brut aussi touchant et fragile que renversant.
Tout en délicatesse - que ce soit du point de vue de sa narration ou de sa mise en scène en tout point exceptionnel -, Pasolini épouse à merveille et avec sobriété le quotidien de May, figure modeste et solitaire au métier difficile et loin d'être ordinaire mais follement enrichissant dans sa quête pour donner un brin de lumière sur des âmes disparues, des êtres ayant sombré dans l'oubli.
Avec une pugnacité remarquable, il leur offre l'ultime semblant de dignité, de respect et d'affection qui leur manquait cruellement dans leur dernier voyage, en s'imposant - presque - comme le dernier rempart de l'humanité du monde moderne.
Cet esprit d'humanité dans ce qu'il a de plus simple et de plus pur, Une Belle Fin le décrit avec une exactitude déconcertante tant son thème central (la déshumanisation, le désintérêt profond pour l'autre et l'irrespect pour les " invisibles " de notre société) reste criant d'actualité dans la société contemporaine follement individualiste et régit par le diktat du rendement.
Sublime, doux-amer, drôle et bouleversant à la fois jusqu'à son douloureux final, la (trop courte) péloche qui permet de nous faire entrevoir l'espoir là ou on ne l'attendrait pas forcément, ne serait cependant rien sans l'abatage immense d'un Eddie Marsan des grands jours.
Époustouflant et plus inspiré que jamais, il explose littéralement en héros malgré lui proprement merveilleux dans son respect des autres, touchant et émouvant à en pleurer dans sa capacité à pouvoir retranscrire la moindre émotion par la force de son regard bienveillant.
Il porte décemment le film sur ses larges épaules, et incarnera quasiment à lui seul la raison de le découvrir dans les salles obscures, une réussite poétique et extraordinaire qui n'a d'égale que sa beauté et son humanité.
L'un des premiers chefs d’œuvre de l'année, que l'on ne risque pas d'oublier de sitôt...
Jonathan Chevrier