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[CRITIQUE] : Into The Woods - Promenons-nous dans les Bois

 

Réalisateur : Rob Marshall
Acteurs : Johnny Depp, Meryl Streep, Anna Kendrick, Chris Pine, Emily Blunt, James Corden,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : 50 000 000 $
Genre : Comédie musicale, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min.

Synopsis :
Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort…


Critique :
Après le très décevant quatrième opus de la franchise Pirates des Caraïbes - La Fontaine de Jouvence -, force est d'admettre que si la relation entre Rob Marshall et les cinéphiles du monde entier s'est sacrément détérioré, en revanche, celle qu'il entretient avec Disney n'a jamais paru autant au beau fixe.

En effet, récolter un peu à la surprise générale plus d'un milliard au box-office mondial, ça resserre les liens, peut-être pas assez pour se voir offrir les rênes d'une cinquième aventure des péripéties du génial Jack Sparrow, mais au moins juste ce qu'il faut pour se voir produire son prochain projet aussi alléchant que risquée.

Soit Into The Woods, l'adaptation du musical à succès créée à Broadway par Stephen Sondheim (West Side Story ou encore Sweeney Todd, c'est lui), et James Lapine (qui cassait le mythe des classiques de Disney avant de se retrouver produit sur grand écran par le même studio aux grandes oreilles), qui permet au bonhomme de retrouver ses premiers amours (les comédies musicales, lui qui a déjà mis en boite et chorégraphié les excellents Chicago et Nine), mais également de jouir pour l'occasion, d'un casting indécent de talents : Johnny Depp, Meryl Streep, Anna Kendrick, Chris Pine, Emily Blunt ou encore James Corden pour ne citer que.


Pas un petit pari ambitieux donc, pour ce Disney de noël (tout du moins sortie pendant les fêtes outre-Atlantique...), qui incarne un mash-up live de plusieurs contes populaires au sein d'une même mythologie, et suit l'histoire d'un boulanger et de sa femme, envoûtés par une méchante sorcière, qui les empêche d'avoir un bambin pourtant tant désiré.

Pour retrouver leur fertilité, le couple va devoir se lancer dans une quête pour récolter de nombreux éléments magiques (le soulier de Cendrillon, quelques cheveux de la longue chevelure de Raiponce, la tunique rouge feu du Petit Chaperon Rouge ou encore une vache blanche appartenant au jeune Jack, également détenteur du fameux haricot magique), et les donner à la vilaine sorcière pour rompre leur malédiction.

Et le tout, en chansons pardi !

Au départ plaisante et un chouïa amusante, cette version une chorale de plusieurs contes célèbres, ou les destins se croisent et s'entrecroisent tout autant que les vocalises des héros, peine cependant à captiver sur la longueur, la faute à de trop nombreux défauts aussi bien scénaristique qu'artistique, qu'une mise en scène certes classique mais inspirée, n'arrivera pas à sauver du naufrage.


Loin d'être à la hauteur d'un dit musical made in Broadway, lassant, trop long, porté par des musiques omniprésentes aussi vite oubliées qu'elles sont entendues (aucune n'est réellement mémorable, un comble pour une comédie musicale), ressemblant nettement plus à des phrases chantonnées sans grands investissements qu'à de vraies paroles de musiques, à la différence, notamment, du sublime La Reine des Neiges l'an dernier; le plus gros défaut de la bande reste avant tout et surtout son scénario foutrement brouillon.

Un script trop complexe et ambitieux pour lui-même - ça accumule les raccourcis à outrance -, l'obligeant à se retrouver le postérieur coincé entre trois sièges, une volonté d'une part de jouer la carte du pastiche acide un poil irrévérencieux (genre l'excellent Il Était une Fois, en vraiment moins bien), celle de se la jouer musical populaire et un brin gnangnan (malgré quelques effets gores); le tout parsemé d'enjeux dramatiques pas toujours clair, ridicules (on se sépare et on tue les personnages en dépit du bon sens) et encore moins captivant, culminant à une dernière partie WTF et cruellement sans intérêt.

Dès lors, pour les cinéphiles les plus endurcis mais surtout les moins réceptifs à un tel mélange hasardeux, Into The Woods ressemble uniquement à une succession de sketchs forestiers à la direction d'acteurs fantomatique au sein d'une histoire sans réelle sens, pondue dans le simple but de contenter une pluie de stars venues pousser la chansonnette sans avoir pris au préalable, le temps de savoir si oui ou non, leurs voix pouvaient se le permettre.

Bonjour la crédibilité, et encore plus quand on admire (enfin, on se comprend) une Anna Kendrick certes cute mais qui n'a pas la carrure d'une Cendrillon, ou encore une Meryl Streep, parfaite en sorcière tant qu'elle ne se hasarde pas à se la jouer Céline Dion (on a franchement du mal à comprendre sa nomination aux prochains oscars pour le coup).


Et que dire de l'apparition presque anecdotique de ce bon vieux Johnny Depp, bien plus inspiré dans le chef d’œuvre Sweeney Todd de son poto Big Tim Burton, et d'ailleurs plus inspiré chez lui tout court aux vues de ces récents choix artistiques (Tusk, really ?)...

Reste que quelques fulgurances valent chèrement leur pesant de popcorn, à commencer par le génial Chris Pine, encore une fois garant comique de toute une péloche (c'était déjà le cas dans le délirant Stretch de Joe Carnahan, mais surtout dans le piteux Comment Tuer son Boss 2 ou il vole la vedette à tout le monde) ainsi que la sublime Emily Blunt, de loin la plus charmante des femmes de boulanger sur grand écran.

Les deux jeunes pousses Lila " Petit Chaperon Rouge " Crawford et Daniel " Jack " Huttlestone (le remarquable petit Gavroche des Misérables de Tom Hooper) sont quand à eux, joliment impressionnant de justesse, point écrasés par l'envergure d'une telle production.

Cabotin, méchamment kitsch, pourvu de personnages qui ne décolle que trop peu ou jamais, de dialogues aussi plats qu'une planche à repasser, mal rythmé et ennuyeux, Into The Woods ou un film sous forme d'emprunt à la majorité des mythes culturels qui n'apporte pas du tout sa pierre à un édifice qui se serait bien passé de lui, surtout aux vues des pics de popularités impressionnant que connait le genre depuis le succès de la série Once Upon a Time, et la relecture ciné d'Alice aux Pays des Merveilles par Tim Burton.


Un gros ratage déplorable tant sur le papier, le concept nous alléchait au plus au point.

Dommage que Marshall n'ait pas jouer plus en profondeur la carte du parodique, son film inégal n'en serait sorti que plus grandit mais surtout, le spectateur lui, aurait pu ainsi éviter de rire jaune pendant plus de deux heures bien trop longue...


Jonathan Chevrier


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