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[CRITIQUE] : Astérix - Le Domaine des Dieux


Réalisateur : Alexandre Astier et Louis Clichy
Acteurs : avec les voix de Roger Carel, Guillaume Briat, Alain Chabat, Laurent Laffite, Lorànt Deutsch,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min.

Synopsis :
Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura  séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains. : « Le Domaine des Dieux  ». Nos amis gaulois résisteront ils à l’appât du gain et au confort romain ? Leur village deviendra-t-il une simple attraction touristique ? Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César.


Critique :

Autant l'admettre tout de suite, ce n'est pas un petit pari dans lequel s'est lancé l'excellent Alexandre Astier, en développant depuis 2010, cette version en image de synthèse de l'un de ses tomes favoris des aventures du plus célèbre des gaulois.

Réveiller une animation française manquant cruellement de fraicheur mais surtout faire renaître sur grand écran une franchise aussi gangbangisé que celle d'Astérix, la faute à des opus live aussi ridicules que leurs budgets furent indécent et des versions animées peinant à capter l'intérêt (seules celles de Goscinny et Uderzo, Astérix et Cléopâtre (1968) et Les Douze Travaux (1976) restent en mémoire).
Bref, peu de wannabe cinéastes auraient eu les corones d'en faire leur premier passage derrière la caméra sur grand écran.

Mais Astier est un touche-à-tout de génie, et à l'instar d'Alain Chabat à son époque, son comique est intelligent et fédère en masse, pour preuve sa vénérable série Kaamelott, qui a renouveler l'humour d'un petit écran qui rit encore de son génie.


Associé à Louis Clichy, jeune animateur étant parti faire ses armes chez Pixar ((il a travaillé sur Wall-E et Là-Haut, rien que ça), le cinéaste était donc bien décidé à foutre un bon gros coup de pied dans la fourmilière du septième art hexagonale en adaptant Le Domaine des Dieux, ou on ne vous l'apprend pas encore une fois, le village de nos chers Astérix et Obélix résiste avec force et drôlerie à l'empire romain et au grand César.

Nous sommes évidemment toujours en 50 avant Jésus-Christ, ou toute la Gaule (ou presque) est occupée par les Romains, car un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur.
Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura séduire ces barbares Gaulois.
Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains : " Le Domaine des Dieux ", privant ainsi les Gaulois de leur précieuse forêt.

Et la question se pose désormais là, est-ce que nos amis gaulois résisteront ils à l’appât du gain et au confort romain ? Ou se laisseront-il séduire par la malice de l'empereur Romain et leur village deviendra t-il dès lors, une simple attraction touristique ?

Comme à leur habitude, les valeureux Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César...


Sacrément malin, en adaptant le tome du Domaine des Dieux, aventure ou César, excédé, n'attaque plus de manière frontale mais bel et bien de façon bien plus sournoise et subtile, Astier et Clichy profitent intelligemment de la richesse thématique (et rarement aussi d'actualité) de cette aventure pour proposer une réflexion plus que pertinente sur l'écologie, la déforestation, le capitalisme et la société de consommation, sous couvert d'un enrobage familial et humoristique des plus efficaces.

A l'instar des animations made in US, Astérix DDD se nourrit donc de son époque et parle joliment aussi bien aux petits comme aux plus grands sans ne jamais trahir ce public qu'il vise méticuleusement tout du long.

Car ici, Astier s'entête à constamment nous rappeler que nous avons à faire à un Vrai fan des planches signé Goscinny et Uderzo, qui cherche a retranscrire le plus parfaitement et avec le plus grand respect possible l'humour d'Astérix et de sa bande de Gaulois, tout en lui apportant quelques touches cohérentes de son propre univers tout aussi singulier.

Et inutile de dire que ce mélange détonnant fait sacrément mouche, le comique de situation savoureux allant de pair avec des dialogues finement écrits, offrant des joutes verbales percutantes, jouissives et mémorables - comme dans Kaamelott -, bien aidé par son casting vocal dément (Roger Carel en tête, mais aussi une bonne partie du casting de Kaamelott, Alain Chabat, Laurent Laffite et Lorànt Deutsch), sans pour autant lésiner sur les moments d'émotions et d’héroïsme (les baffes Gauloises bigger than life sont une nouvelle fois du rendez-vous).


Mieux, l'animation, dynamique, d'une fluidité et d'une beauté merveilleuse (doublé d'une 3D qui sert enfin à quelque chose), ou les personnages se voient incroyablement bien soignés - le passage redouté au numérique se fait en douceur finalement - au milieu de décors somptueux, nous scotche à notre fauteuil et prouve que l'animation française n'a (quasiment) rien à envier à ses concurrents outre-Atlantique.

Avec ce bon, beau et gros morceau de cinéma épique et moderne, Alexandre Astier offre la meilleure (voir même la plus drôle) adaptation d'Astérix jamais accouché sur pellicule, une relecture " blockbusterisé " en tout point réussite et méchamment passionnante d'un héros que l'on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts.

Les spectateurs futés crieront au culte, les fans purs et durs quand à eux n'en croiront peut-être pas leur yeux, tant l'idée de voir un cinéaste ayant enfin trouvé la recette de la potion magique sur grand écran, relevait tout simplement du fantasme impossible à concrétiser.


Tout juste alors, histoire d'être réellement tatillon (bon, chieur), pourrait-on lui reprocher de ne pas avoir jouer un peu plus la carte du burlesque et de l'absurdité déjantée comme avait su si bien le faire Chabat dans son inestimable Mission : Cleopatre - avec lequel Le Domaine des Dieux partage une pléthore de points communs -, voir même peut-être, d'être un poil trop court compte tenu du plaisir hautement jouissif et nostalgique qu'il procure.

Des arguments tout pourris on est d'accord, c'est dire donc son étonnante et infinie qualité...


Jonathan Chevrier