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[CRITIQUE] : Gibraltar


Réalisateur : Julien Leclercq
Acteurs : Gilles Lellouche, Tahar Rahim, Riccardo Scamarcio, Raphaëlle Agogué,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre :  Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
« Toujours mentir. Jamais trahir. »
Afin de mettre sa famille à l'abri du besoin, Marc Duval, un français expatrié à Gibraltar, devient agent d'infiltration pour le compte des douanes françaises.
De petits trafics en cargaisons troubles, il gagne progressivement la confiance de Claudio Lanfredi, un puissant importateur de cocaïne associé aux cartels Colombiens. Cette immersion en eau profonde dans l’univers des narcotrafiquants lui fait courir des risques de plus en plus importants. Mais à mesure que Marc gravit les échelons du cartel, il découvre aussi le luxe et l’argent facile... En permanence sur le fil du rasoir, seuls ses mensonges le maintiennent encore en vie. Lorsque les douanes anglaises rentrent dans la partie pour arrêter Lanfredi, le jeu devient encore plus dangereux et sa famille risque d’en payer le prix.


Critique :

Depuis quelques années maintenant, le polar " à la française " connait un regain d'intérêt et de qualité certain, après avoir affreusement été dépouillé de sa saveur à la télévision, dans des séries à la qualité et aux intensions franchement critiquables (Julie Lescaut, Diane Femme Flic, Navarro,...).

Grâce au talent de quelques cinéastes impliqués et loin d'être manchots, Olivier Marchal (Gangsters, 36 Quai d'Orfévres, MR 73, Les Lyonnais), Fred Cavayé (Pour Elle, A Bout Portant), Nicolas Boukhrief (Le Convoyeur, Les Gardiens de l'Ordre), l'immense Jacques Audiard (Un Prophète) et Jean-François Richet (Mesrine : L'Instinct de Mort et L'Ennemi Public n°1) en tête, le genre a repris des couleurs même si deux, trois productions annuelles made in Europa Corp, s'entêtent à lui rappeler son extrême fragilité.

Annoncé comme le gros thriller de la rentrée avec son séduisant quatuor aux commandes - le scénariste Abdel Raouf Dafri (La saga Mesrine, Un Prophète), le réalisateur Julien Leclercq (les plus ou moins efficaces Chrysalis et L'Assaut), mais surtout les excellents Tahar Rahim (déjà d'Un Prohète) et Gilles Lellouche (L'Instinct de Mort et A Bout Portant) devant la caméra -, Gibraltar avait donc la lourde tâche de confirmer la nouvelle bonne santé d'un des genres les plus populaires du cinéma hexagonal, tout en essayant d'attirer, si possible, les spectateurs dans les salles, eux qui au final, n'auront véritablement soutenu en masse que Les Profs cette année, lui permettant de dépasser aisément les quatre millions d'entrées.


Si on a, malheureusement pour lui, peu d'espoir à croire qu'il arrive à mener a bien sa seconde mission, force est d'admettre qu'en revanche, il relève pleinement sa première, en se payant le luxe de tout simplement incarner l'un des thrillers français les plus solides et passionnants de la décennie.

Foutrement haletant et intense, Gibraltar (qui doit son titre à la presqu'île du sud de l'Espagne, véritable carrefour bouillant des trafics en tout genre), fidèle adaptation du roman de Marc Fiévet - L'Aviseur -, et qui respecte judicieusement la réalité historique de celui-ci (l'histoire se situe en 1987, et sa reconstitution des années 80 est d'ailleurs follement minutieuse), a le bon gout de citer aussi bien le cinéma récent (on pense, évidemment, au chef d’œuvre Trafic de Steven Soderbergh, mais également aux thrillers d'espionnage signé John Le Carré) que celui d'antan (le cinéma d'Hitchcock, mais surtout les polars franco-transalpins des seventies), via un script aussi ambitieux que méchamment malin et efficace.

Allant toujours droit au but malgré une certaine complexité, le film tient la route de bout en bout grâce à une mise en scène éclairée et dynamique, certes parfois plombé par quelques longueurs, mais toujours rattrapé par une intrigue à l'envergure franchement impressionnante.

Sombre et percutant, cet itinéraire incroyable d'un anti-héros débrouillard et honnête, tourmenté par un jeu auquel il s'est pourtant très vite pris et qui le broie peu à peu, ne serait rien pourtant sans son casting quatre étoiles, des seconds couteaux crédibles aux gueules patibulaires, en passant par un excellent Riccardo Scamarcio - en complète roue-libre dans la peau du baron Claudio Lanfredi -, sans oublier les géniaux Tahar Rahim et Gilles Lellouche, encore une fois exceptionnels.


Si le second nous ressert, non sans une certaine efficacité, sa panoplie du pauvre type charismatique, qui se retrouve embarqué dans une histoire tordue qu'il pensait pourtant maitrisé, le Tahar lui, impressionne grandement dans le rôle tout en retenue d'un jeune premier de l’État, plus qu'ambitieux.

Appliqué et efficace, Gibraltar est de ces thrillers haletants qu'on ne peut que saluer pour sa justesse et sa performance d'acteur.
De la pure production française ambitieuse qui ne cherche jamais à singer ses ainés et encore moins à copier es productions étrangères (surtout américaine), souvent plus inspirées.

Une jolie surprise tendue et pleine de suspens qui tient toutes ses promesses, cette rentrée ciné 2013 commence décidément très, très bien...


Jonathan Chevrier

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