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[CRITIQUE] : Limbo


Réalisateur : Soi Cheang
Avec : Ka Tung Lam, Yase Liu, Mason Lee,...
Distributeur : Kinovista
Budget : -
Genre : Thriller, Policier, Drame.
Nationalité : Hongkongais, Chinois.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Dans les bas-fonds de Hong-Kong, un flic vétéran et son jeune supérieur doivent faire équipe pour arrêter un tueur qui s’attaque aux femmes, laissant leur main coupée pour seule signature.
Quand toutes leurs pistes s’essoufflent, ils décident d’utiliser une jeune délinquante comme appât.


Critique :


On les connaît, ces films de festival aux retours extatiques, de ceux que l'on cherche impatiemment à découvrir par la force encore vibrante du bouche à oreille. Certains d'entre eux souffrent de cette médiatisation forte, parfois pas à la hauteur des résultats. D'autres encore n'en deviennent que plus importants alors à soutenir tant la proposition se fait implacable. C'est exactement le cas de ce Limbo, découvert l'année passée par l'auteur de ces lignes au BIFFF et redécouvert ici pour sa sortie en France le 12 juillet chez Kinovista. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le film de Soi Cheang est indéniablement exceptionnel.

Copyright capelight pictures OHG

Le premier plan parvient à ouvrir directement la prise de position visuelle du long-métrage, en faisant perdre un personnage dans un décor de déchets par le biais d'un noir et blanc somptueux. Si ce changement de colorimétrie a été pris apparemment sur le tard, il rajoute un côté poisseux au long-métrage ainsi qu'une perte de repères dans ses formes. Les ordures, la ville, les individus, tout se perd au sein de ce cadre formellement à tomber, fruit d'une décrépitude qui irradie l'image avec autant de beauté formelle que d'interrogations morales, encore plus par certains partis pris narratifs du film.

La violence pourrait paraître complaisante aux yeux de certains et nous les comprendrons au vu de son côté sauvage, brutal. La sécheresse se dégage instantanément de chaque plan du film, rappelant à un brouillard moral qui ne nous lâchera jamais. Les codes attendus du film noir se perdent alors dans ces nuances grisâtres, celles d'un cauchemar urbain éveillé où tout n'est que violence. Là, une fuite dans des escaliers de parking écrase une silhouette dans le décor de la ville. Ici, des morceaux de corps paraissent imperceptibles dans l'amas d'ordures qui recouvre la ville. Et dans cet enfer sur Terre se noient des personnages mus par la culpabilité et des remords qui les détruisent à petit feu

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Claque esthétique d'une brutalité rare, Limbo n'est clairement pas fait pour les esprits les plus sensibles tant sa violence se déchaîne avec la fureur d'une claque, imposant une sauvagerie patriarcale qui peut invariablement choquer. Il en sort une fascination tout à fait forte pour cette proposition de cinéma à la noirceur absolue, faisant de sa ville un labyrinthe infernal dont on ne peut échapper et où un déchaînement masculin semble régir les lieux, rendant la pourriture plus odorante encore. C'est clairement du très grand film noir à ne pas mettre sous tous les yeux mais qui n'en reste pas moins immanquable cet été.


Liam Debruel


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