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[CRITIQUE] : La Mine du diable - En camino a la Rinconada


Réalisateur : Matteo Tortone
Acteurs : -
Distributeur : Juste Doc
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Italien, Français,  Suisse.
Durée : 1h26min.

Synopsis :
Jorge, jeune chauffeur de moto-taxi quitte la banlieue de Lima et sa famille pour poursuivre ses rêves d’or et de fortune, en rejoignant la mine de La Rinconada, sur le toit de la Cordillère des Andes. Là-bas, on raconte que la mine appartient au Diable, et qu’il ne cède ses pépites qu’en échange d’un sacrifice...



Critique :


Les premières secondes de bobines et sa voix-off presque sentencieuse, annonce d'emblée la couleur : l'histoire qui nous est compté dans La Mine du diable - En camino a la Rinconada n'est pas uniquement celle d'une personne, mais bien de plusieurs âmes, des milliers d'hommes dont la fascination pour l'or et son pouvoir naît dans la nécessité de s'en sortir, de quitter une précarité qui colle à la peau, de subvenir aux besoins des siens quitte à sacrifier sa propre santé - voire sa propre vie, tout court.

Cette universalité est incarnée par Jorge, un jeune homme bolivien marié et père de famille, dont le quotidien déjà précaire va grimper d'un cran dans la difficulté lorsqu'une panne irréparable de sa moto-taxi, l'oblige à quitter son métier autant que la banlieue de la capitale Lima pour se rendre au nord, non pas pour persévérer en tant que chauffeur mais pour devenir mineur dans les Andes péruviennes, au cœur de la mythique Rinconada - littéralement le toit du monde -, où plus d'un homme s'est perdu dans sa quête d'or...

Copyright Juste Doc

Objet cinématographique sensiblement hybride, jonglant continuellement entre un réalisme documentaire et une fiction qui vient sporadiquement - essentiellement par la mise en scène - pointer le bout de son nez, Matteo Tortone plonge dans les méandres tortueuses de l'exploitation minière péruvienne où la vie dépasse le simple esprit cartésien du dur labeur, tant il faut y négocier avec les croyances et les superstitions locales - un sacrifice pour que le diable cède quelques miettes d'or.
Une réalité crue faîte de boue, de roche, de mal insidieux (l'altitude et son manque d'oxygène, l'eau contaminé par le mercure,...) et d'un espoir qui s'éteint aussi lentement que les âmes se consument, que ce soit à la tâche, par cupidité où dans la manière qu'ils auront de dilapider le moindre sou gagné dans les plaisirs fugaces - l'alcool et la prostitution.

Furieusement contemplatif, embaumé dans un noir et blanc rugueux et mystique à la fois, La Mine du diable - En camino a la Rinconada se fait la chronique d'une ruée vers l'or prenant les contours d'une course vers l'auto-destruction, d'une jeunesse sacrifiée par leur soumission obligatoire à une société capitaliste impitoyable leur seul moyen de survivre et de faire survivre les leurs, est de se tuer à petit feu.


Jonathan Chevrier


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