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[CRITIQUE] : Un Varón


Réalisateur : Fabián Hernández
Avec : Felipe Ramirez, Juanita Carrillo Orti, Diego Alexander Mayorga,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Colombien, Français, Hollandais, Allemand.
Durée : 1h22min

Synopsis :
Carlos vit dans un foyer du centre de Bogotá, un refuge à l’abri duquel la vie se fait un peu moins violente qu’à l’extérieur. C'est Noël et Carlos aimerait partager un moment avec sa famille. À sa sortie du foyer, Carlos est confronté à la rudesse des rues de son quartier, où règne la loi du plus fort. Carlos doit montrer qu'il peut lui aussi être l’un de ces mâles alpha. Il lui faudra choisir entre adopter ces codes d’une masculinité agressive, ou, à l’opposé, embrasser sa nature profonde.



Critique :


Il y a quelque chose de fascinant dans le fait de voir comment le symbole de la masculinité - et même plus directement de la virilité - semble de plus en plus se redéfinir sur grand écran, miroir d'une évolution qui s'opére il est vrai plus promptement au coeur de la société, quand bien même les archétypes faciles ont toujours la vie dure.
Si le prisme de cette évolution est sensiblement plus facile à percevoir dans les cinémas européens et américains (Moonlight de Barry Jenkins et The Last black man in San Francisco de Joe Talbot en tête), il est pourtant tout aussi présent au coeur du cinéma latino-américain.

En attendant Los reyes del mundo de Laura Mora Ortega, qui atteindra nos salles d'ici quelques jours, c'est à Un Varón, premier long-métrage de Fabián Hernández, pour lequel il porte également la casquette de scénariste, de suivre cette exploration, le wannabe cinéaste colombien s'inspirant ici de sa propre adolescence au coeur des rues boursouflées par la violence de Bogotá, pour nourrir son dur et rugueux récit initiatique et identitaire.

Copyright Destiny Films

On y suit les aléas de son alter-ego, Carlos (Dilan Felipe Ramirez Espitia, impressionnant), jeune arraché à son foyer familial pour vivre dans un foyer pour jeune (sa mère est en prison), vivant dans la mélancolie et l'espoir de pouvoir le retrouver un jour, mais qui est constamment poussé par son environnement à devenir homme, alors qu'il vient à peine de quitter l'innocence de l'enfance.
Un ado à l'allure androgyne, qui ne rentre pas dans les codes et dont errance dans les rues révélera non seulement sa fragilité inquiète, mais aussi toute sa solitude et sa tristesse...

Honnête dans sa volonté d'incarner un vrai morceau de cinéma social sobre et percutant (à la différence de l'invraisemblable Tori et Lokita des frangins Dardenne, aux thèmes plus où moins similaires et lui aussi passé par Cannes l'année dernière), poussant à la réflexion autour du thème de la masculinité comme construction culturelle, associée à une violence qui s'exprime avant tout et surtout comme un mécanisme de survie; Un Varón, pas exempt d'un certain didactisme, n'en est un moins un effort fascinant et essentiel dans son portrait dénué de tout cliché d'une jeunesse colombienne sans véritable alternative autre que la criminalité, même si Hernández recherche constamment la lumière d'espoir au bout du tunnel.


Jonathan Chevrier


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