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[CRITIQUE] : Apaches


Réalisateur : Romain Quirot
Acteurs : Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot, Artus, Émilie Gavois-Kahn, Bruno Lochet, Rossy De Palma, Dominique Pinon, Hugo Becker, Armelle Abibou,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min

Synopsis :
1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches.
Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.



Critique :


On avait été de ceux à avoir été gentiment séduit par le premier long-métrage de Romain Quirot, Le Dernier Voyage, adaptation de son propre court-métrage éponyme débarqué dans les salles obscures à une date un brin malheureuse - leur réouverture après plusieurs mois de confinement forcé et stupide, duquel elles ne se sont toujours pas relevées.
Une odyssée/road trip dystopique et intime à l'approche savoureusement westernienne et post-apocalyptique (coucou tonton Miller), bien incarné et prenant sensiblement le pas bricolo-ambitieux et parfois maladroit déjà arpenté par les films de Neill Blomkamp, qui n'ont jamais eu peur de dévoiler la crasse de l'âme humaine.

Seules une mise en scène un brin scolaire (c'est un premier effort, avec tout ce que cela convoque) et une histoire manquant un brin de profondeur, venait incarner de plus ou moins grosses épines sur une rose nostalgique et radicale, qui ne pouvait laisser présager que du bon pour la suite de la carrière du bonhomme.

Copyright Tandem Films

Dites suite qui aura attendu à peine moins de deux ans pour pointer le bout de son nez : Apaches, un film de la " confirmation " résolument plus ambitieux et couillu dans sa volonté d'incarner une sorte de rip-off mignon du Gangs of New York de tonton Scorsese au coeur du Paris du début du XXème siècle.
Sur le papier, l'idée d'un western urbain et pop sauce revenge movie au féminin, le tout plongé dans une Belle Époque gangrenée par l'hyper-violence des gangs, vallait sacrément son pesant de pop-corn, Quirot ayant déjà prouvé que son envie de cinéma pouvait accoucher de fulgurances assez excitantes, d'autant qu'il semblait s'inscrire cette fois autant dans les pas de Scorsese et de son iconisation de la figure du gangster comme dit plus haut, que dans dans ceux de Tarantino et Ritchie avec une violence décomplexée et une présence musicale (très) gourmande.

À l'écran en revanche, la limonade ne prend que partiellement, la faute à de nombreux partis pris artistiques qui font couac (l'utilisation de tubes modernes où de ralentis éculés, une voix-off plombante,...) dans sa volonté exacerbée de sur-styliser sa mise en scène (plus assurée il est vrai, mais pas moins impactante pour autant), mais aussi et une surtout la faute à une durée furieusement étriquée qui annhile toutes ses bonnes intentions sous références, taillant dans le moindre bout de gras narratif possible (quitte à paraître parfois incohérent), sculptant à la cerpe tous ses personnages autant qu'il s'auto-purge de toute sous-intrigue salutaire voire même de tout sous-texte politique (pas réellement un défaut cela dit), quant il ne joue pas la carte des dialogues surannés.

Copyright Tandem Films

Et pourtant, difficile de ne pas s'amouracher un brin de ce Peaky Blinders parisien biberonnés à l'imaginaire et à la culture ricaine, un objet singulier plus fantasmé et pop que réellement musclé et subversif, dans lequel une belle galerie de jeunes gueules vient surjouer avec un enthousiasme non feint dans des cosplays d'époque un poil trop propret.
Alors certes, évidemment, on pourrait tiquer sur un résultat final sensiblement écrasé par des influences pas toujours bien digérées et une ambition tuée dans l'oeuf par une unité de temps limitée (à peine une heure et demie au compteur, on le rappelle), qui lui refuse une bonne partie du souffle épique qu'il désire tant embrasser, mais il est de bon ton de remettre l'église au milieu du village et de ne pas trop fustiger un cinéaste qui, s'il n'a pas forcément les moyens de ses ambitions, tente des choses.

À toujours arguer que le septième art hexagonal s'enferme dans son manque d'audace et d'originalité, c'est comme pisser dans un violon que de venir chier sur les baskets de ceux qui, même maladroitement, tentent modestement de faire bouger les choses...


Jonathan Chevrier