Breaking News

[CRITIQUE] : Becoming Father


Réalisateur : Tetsuya Mariko
Avec : Sosuke Ikematsu, Sato Jiro, Yû Aoi,...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h09min

Synopsis :
Maladroit et naïf, Miyamoto, jeune salaryman d’une entreprise de papeterie, tombe amoureux de l’énigmatique Yasuko. Celle-ci utilise Miyamoto pour se débarrasser d’un petit ami indésirable, mais finit par s’attacher au zèle de son admirateur. Alors que leur relation est mise à rude épreuve, Miyamoto s’enferme dans un cycle d’extrême violence pour sauver son honneur et reconquérir Yasuko…
Une histoire d’amour et de vengeance adaptée du manga culte de Hideki Arai.



Critique :


S'ils dépeignent tous les deux avec force les angoisses et la brutalité latente de la société nippone, Becoming Father a pour lui une " justification " de la violence à la différence du plus frontal - mais pas moins rude - Destruction Babies, ce qui en fait une oeuvre de destruction massive plus lisible certes (quoique, sa narration est définitivement moins linéaire avec ses nombreux sauts dans le temps), mais sans doute dans le même moins fascinante dans la gratuité de ses effets dévastateurs.
Adapté du manga Miyamoto Kara Kimo de Hideki Karai, le film épouse avec férocité aussi bien les codes de la comédie romantique déglinguée que du rape and revenge en suivant non plus une quête de sens par la violence, mais bien la quête d'une victime indirecte pour retrouver un équilibre - certes précaire - grâce à elle.

Copyright Capricci Films

Une quête opérée par le maladroit Miyamoto, un jeune employé d'une petite entreprise de papeterie aussi naïf qu'il peut avoir un penchant facile pour la bouteille (ce qui est considéré comme une qualité pour une certaine frange de la société locale), après que sa petite amie enceinte, l’énigmatique Yasuko (qui se sert de lui pour se débarrasser d'un ex, plus qu'elle ne l'aime), se soit violer par un géant rugbyman sans qu'il n'est rien fait pour empêcher cela, malgré ses cris (il était justement déchiré, en train de dormir après avoir trop bu).
Lorsqu'il découvre ce qui est arrivé (il doit le deviner, ce qui rend la séquence encore plus douloureuse), il devient aussi déterminé à se venger - en affrontant sans relâche le violeur, qui l'humilie presque toujours - qu'il est plus que jamais décidé à épouser Yasuko, bien qu'elle soit incapable de ne pas le détester et le mépriser (ce qui changera par la suite, même si la narration ne fournit aucune explication logique claire du changement de sentiments de Yasuko envers Miyamoto)...
Ne masquant absolument rien de la violence de ses séquences (le viol de Yasuko est, logiquement, la plus insoutenable et sordide d'entre-elles), tout en questionnant une nouvelle fois la construction douloureuse de la masculinité au sein d'une oppressante société où la loi du plus fort - et par extension, du plus violent - est reine; Mariko moque les prétendus codes virils de l'homme au travers d'une vendetta cartoonesque où la fierté, l'égo et l'honneur sont autant d'armes que l'on peut pathétiquement retourner contre soi.

Copyright Capricci Films

Mise en images d'un héroïsme/virilisme biaisé constamment tourné en ridicule, entre immaturité, cris tapageurs et violence brutale, le tout articulé dans une structure volontairement morcelée comme pour mieux exprimer les traumatismes d'une romance définitivement à part; Becoming Father bouscule autant qu'il désarçonne son auditoire par la rage froide et crue de son portrait d'une humanité engoncée dans sa lâcheté, ses contradictions et sa passivité.


Jonathan Chevrier