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[CRITIQUE] : Destruction Babies


Réalisateur : Tetsuya Mariko
Avec : Yûya Yagira, Masaki Suda, Nijirô Murakami,...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Thriller.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h51min

Synopsis :
Mitsuhama, port du Shikoku, sud le plus rural du Japon. Là vivent deux frères orphelins, Taira et Shota Ashiwara. L’aîné, Taira, est obsédé par l’idée de se battre. Un jour où il a été passé à tabac par un groupe, il rejoint Matsuyama, la grande ville la plus proche, à la recherche d’adversaires forts à qui se mesurer. Débute alors dans son sillage une escalade de violence.



Critique :


Le cinéma japonais n'a jamais vraiment rechigné à faire le constat inquiet de l'état de sa propre nation, de plus en plus gangrené par une violence brute et décomplexée, fruit d'un fossé de plus en plus béant entre une jeunesse éprise de liberté et des aînés leur rappelant sans cesse leur attachement forcé au devoir, une jeunesse n'ayant plus peur de répondre - même de manière extrême - face à des adultes terrorisé et ne sachant plus vraiment comment répondre autrement que par... la violence.
Si feu Kinji Fukasaku avait ouvert - où plutôt défoncée - la voie avec son oeuvre testamentaire Battle Royale, le tokyoïte Tetsuya Mariko, tout comme le vénère Takashi Miike (qui s'est chargé de pousser encore un petit peu plus loin les frontières de l'extrême), a sensiblement suivi son héritage nihiliste et ultra-violent avec Destruction Babies, son second effort.

Copyright Capricci Films

Un sommet d'oeuvre glaciale et pessimiste où il représente une jeunesse nippone dans tout son vide existentiel et humain, uniquement motivé par l'expression d'un instinct de violence primitif.
Dénué de tout regard/étude psychologique (on est bien plus ici vers un regard entomologique), le film se raconte sèchement à travers une séquence infinie de bagarres et d'affrontements à mains nues chorégraphiées avec soin et dynamisme, que le cinéaste ne fétichise jamais comme des artefacts cinématographiques, tant sa mise en scène est constamment détachée, preuve d'une volonté impassible de ne jamais provoquer ni d'attachement et encore moins d'empathie facile envers ses personnages.
Le choc ici n'étant pas alors une violence cyclique et continue qui détruit tout, aussi jouissive et odieuse soit-elle parfois, mais l'incapacité de Mariko, et plus directement de la société nippone elle-même - déjà intrinsèquement brutale -, à en identifier les causes réelles tant elle s'est banalisée au quotidien, délestée de toute forme d'autorité dans ce qui peut se voir comme une sorte de régression presque archaïque - la loi du plus fort.
Dans la sueur, le sang et les larmes, Destruction Babies incarne un instantané féroce et dérangeant qui laisse transparaître les angoisses, la frustration et la colère indomptable de toute une génération sans repère et sans but qui se construit dans la fureur et le chaos le plus complet - cogner pour exister.

Copyright Capricci Films

Loin du sociologisme facile, le film questionne avec cynisme notre rapport à la violence autant qu'il se fait une déclinaison contemporaine de la désolation dépeinte dans le cinéma japonais post-Fukushima, entre une brutalité/rage trop longtemps contenue qui explose et une société dont l'immobilisme conditionné impose une opposition par la force.
Un put*** d'uppercut dans la machoire, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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