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[CRITIQUE] : Petite Nature


Réalisateur : Samuel Theis
Avec : Aliocha Reinert, Antoine Reinartz, Mélissa Olexa, Izïa Higelin,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale agitée de sa jeune mère. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde.



Critique :


Après son premier effort, Party Girl, Samuel Theis continue de sonder les méandres de son parcours familial et personnel pour nourrir la fiction et surtout son second long-métrage, cette fois non plus centré sur les souvenirs de sa mère, mais bien sûr ceux de sa propre enfance.
Avec le formidable Petite Nature, il se raconte à la troisième personne au travers d'un récit d'apprentissage authentique et réfléchi, épousant autant le rusticisme poétique de la Nouvelle Vague que les contours d'un cinéma vérité qui n'est pas sans rappeler les premiers films de Céline Sciamma (Tomboy en tête).
Avec un regard réfléchi et constamment bienveillant, il scrute le bouleversement intime et la refonte totale du regard pédagogique qui bouscule l'âme de Johnny (incroyable et envoûtant Aliocha Reinert, comédien non-professionnel qui crève littéralement l'écran), dix ans au compteur et cadet de sa famille, qui peine à trouver sa place dans la vie, et encore moins dans une banlieue difficile d'une ville de Forbach qu'il ne demande qu'à quitter.

Copyright 2021 AVENUE B PRODUCTIONS - FRANCE 3 CINEMA

Son quotidien est rythmé par les tonalités turbulentes de la pauvreté et des dysfonctionnements familiaux, totalement soumis qu'il est aux continuelles défaillances de sa mère (au point qu'il s'occupe lui-même de sa petite soeur) et à de sa vie désordonnée, dont il subit de plein fouet sa violence émotionnelle.
Sensible et attentif aux stimuli de l'école qui est une vraie bouffée d'oxygène pour lui, il s'éprend peu à peu de son nouveau professeur qui le prend sous son aile, un éveil de ses désirs et sentiments amoureux qui coïncident cruellement avec la période la plus douloureuse de sa jeune existence...
Sur cette base fragile et délicate, Samuel Theis tisse une passionnante interrogation aussi bien sur le genre que sur la surprise des premiers émois, cette découverte progressive d'un monde plus adulte et de ce virage si essentiel vers la reconnaissance authentique aussi bien de sa propre identité que de sa propre sexualité.
Cet apprentissage de l'instabilité des sentiments, ce désir irrépressible d'être et de vivre, va de pair avec une prise de conscience bouleversante d'un môme déjà mué par l'idée fougueuse de s’extraire de sa condition sociale et du déterminisme qui le condamne dès ses premiers pas.

Copyright Ad Vitam

Avec une justesse rare, Theis s'approprie la formule du coming of age movie d'une manière rafraîchissante et jamais pesante (tout comme son écriture, sa mise en scène est joliment délicate), se concentrant sur la beauté tapie derrière l'urgence et le chamboulement intérieur, trouvant l'essence de l'optimisme dans chaque douleur, de la poésie dans chaque transgression, une certaine quiétude dans chaque chaos.
Petite Nature est alors un petit miracle, un (auto)portrait viviant et vibrant sur un petit homme qui n'en est plus vraiment un, sublimant la moindre complexité qui émane de la découverte de soi et de la vie, terreau indéboulonnable de notre éveil voire même de notre émancipation.


Jonathan Chevrier


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