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[CRITIQUE] : La Mif


Réalisateur : Frédéric Baillif
Avec : Claudia Grob, Anaïs Uldry, Kassia da Costa,...
Distributeur : L'Atelier Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Suisse.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
Au cœur d’un foyer d’accueil, une bande d’adolescentes vivent avec leurs éducateurs. Comme une famille, elle ne se sont pas choisies et elles vivent sous le même toit. Lorsqu’un fait divers met le feu aux poudres, c’est tout un système sclérosé et rétrograde qui se révèle au grand jour.



Critique :


Entre le récent et résolument plus feel good Placés de Nessim Chikhaoui (qui lui-même faisait écho à l'excellent La Vie Scolaire, sortie il y a deux ans), et La Mif de Fred Baillif, il n'y a visiblement qu'un pas ou presque, que ce soit dans le cadre choisit - un foyer d'accueil -, que dans le prisme opéré par les deux cinéastes : une fictionnalisation de leur passé d'éducateur, inspiré sur leur propre expérience personnelle.
Mais le jeu des comparaisons s'arrête ici, tant Baillif privilégie les contours du cinéma-vérité pour narrer avec bienveillance les atermoiements de sept jeunes adolescentes (Novinha, Audrey, Justine, Caroline, Précieuse et Alison) séparées des leurs et tentant de reconstruire leurs jeunes existences, sept portraits comme dans autant de chapitres qui se chevauchent pour mieux nourrir la complexité d'une étude émouvante et nuancée sur les arcanes d'un foyer socio-éducatif.

Copyright Stéphane Gros / Lumière Noire

Bâti au forceps (deux ans de préparation pour un tournage expéditif en moins de deux semaines, avec des actrices non-professionnelles, pour qu'elles créent intimement leurs personnages à partir de leurs propres expériences - souvent similaires -, sans que leurs camarades de jeu ne soient mises au courant), privilégiant constamment l'immédiateté et l'urgence à la composition (jusque dans son montage non-linéaire) tout en faisant fit de la simplicité de sa mise en scène (il élève l'authenticité au-dessus de l'esthétisme); La Mif se fait un témoignage puissant et honnête à l'effervescence incroyable, qui démystifie la rigidité d'un système tout autant qu'il l'humanise, refusant tout prosélytisme ni même tout sentimentalisme putassier (les traumas et abus de ses héroïnes sont amenés avec tact et pudeur), tout en ouvrant la porte à un vrai questionnement sur la relation éducateurs-adolescentes/adolescents.
Une oeuvre édifiante, percutante et sincèrement passionnante.


Jonathan Chevrier