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[CRITIQUE] : Maigret


Réalisateur : Patrice Leconte
Avec : Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier,...
Distributeur : SND
Budget : 6,9M€.
Genre : Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 1h28min.

Synopsis :
Maigret enquête sur la mort d’une jeune fille. Rien ne permet de l’identifier, personne ne semble l’avoir connue, ni se souvenir d’elle. Il rencontre une délinquante, qui ressemble étrangement à la victime, et réveille en lui le souvenir d’une autre disparition, plus ancienne et plus intime…



Critique :


Il aura fallu que Patrice Leconte lui offre l'opportunité de camper le plus célèbre des commissaires de la littérature belge et de la brigade criminelle parisienne, pour que l'évidence même de ce choix nous parle enfin : Oui, Gérard Depardieu a tout d'un parfait commissaire Jules Maigret.
Une évidence quand on sait qu'il a toujours été l'héritier de Jean Gabin, qui a déjà incarné le mythe sur grand écran il y a près de soixante ans dans l'excellent Maigret voit rouge de Gilles Grangier.
À tel point que le cinéaste n'a littéralement d'yeux que pour lui dans le sobrement intitulé Maigret, sorte de renaissance cinématographique du personnage né de la plume foisonnante de Georges Simenon, après plusieurs décennies cantonnées au petit écran (avec notamment un feu Bruno Cremer parfait dans le rôle, ou encore un Rowan Atkinson étonnamment débarrassé de toutes ces facéties comiques).
Un pari osé, entre la dévotion sincère et le fétichisme un poil appuyé - pour être poli -, qui ne se préoccupe pas tant de sa narration et de l'intrigue en son coeur que de la performance habitée et enivrante d'un Depardieu qui se fond totalement dans la carcasse du monolithique commissaire, au point que les deux se confondent dans un balet mélancolique et désespéré qui en laissera plus d'un sur le carreau.

Copyright SND

Adaptation libre et modeste du roman Maigret et la jeune morte, ou le commissaire au bord de la retraite enquête sur la mort d'une jeune fille qui lui rappelle une douloureuse et intime disparition passée, le film se fait un polar d'un autre temps, hanté et hantant où l'enquête - prévisible - est moins importantes que le travail introspectif de son formidable enquêteur, ainsi que les âmes qui gravitent tout autour.
Reste que ces dites âmes peinent à exister tant la mise en scène furieusement contemplative de Leconte, ne se préoccupe que de son acteur vedette dont elle épouse le rythme pesant, fatigué et bardé de non-dits.
À la lisière de l'autofiction et d'une sobriété rare, le comédien est tout du long lui-même, affrontant les tourments de son personnage comme les siens et imposant sa carcasse d'ogre triste et fragile dans tous les recoins d'un cadre parfois trop petit pour son talent.
Il est l'attraction principale (la seule ?) de cette adaptation épurée et concise (moins de quatre-vingt-dix minutes au compteur), vrai film de personnages et d'émotions qui ne fait pas toujours mouche, mais qui a le mérite de pleinement faire son office et de permettre une énième fois à Gérard Depardieu, de briller dans nos salles obscures.


Jonathan Chevrier