[CRITIQUE] : Compagnons
Réalisateur : François Favrat
Acteurs : Najaa, Pio Marmaï, Agnès Jaoui,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min.
Synopsis :
À 19 ans, passionnée de street art, Naëlle est contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion, sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches. Touchée par la jeune fille, Hélène, la responsable du chantier, lui présente un jour la Maison des Compagnons de Nantes, un monde de traditions qui prône l’excellence artisanale et la transmission entre générations. Aux côtés de Paul, Compagnon vitrailliste qui accepte de la prendre en formation dans son atelier, Naëlle découvre un univers aux codes bien différents du sien... qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie.
Critique :
Ce qu'il y a de profondément frustrant avant même la vision du nouveau long-métrage de François Favrat (que l'on avait laissé avec le très décevant et moi du genou Boomerang en 2015), Compagnons, c'est de voir qu'il transpire tellement l'odeur si familière du drame socialo-initiatique cher au cinéma français, qu'il est presque impossible de se persuader que la narration aura quelque d'un brin original à nous conter, voire même quelque chose de simplement divertissant.
Une idée qui n'aura même de cesse de persister tout le long de sa vision, tant est si bien qu'il est difficile de dégager les bons points - pourtant réels - de ce qui s'avère être l'énième variation d'un même moule ébreché depuis des lustres, s'échinant maladroitement à suivre au pied de la lettre et sans une once d'originalité, les codes éculés de la chronique initiatique/d'émancipation doublée d'un vrai regard social; où une figure tutélaire - évidemment - bienveillante, vient aider une jeunesse paumée issue de la banlieue (évidemment terrible puisque uniquement gangrenée par le crime, les trafics et les incivilités en tout genre), pour la ramener vers le droit et chemin et lui offrir un avenir.
Pourquoi pas après tout, mais une fois encore le problème n'est pas tant que Compagnons soit tout du long cousu de fil blanc, ou que sa tendance profondément moraliste à de quoi irriter un brin (ces bonnes âmes instuctrices - souvent blanches - qui sauvent les brebis égarées - souvent issus des minorités - du misérabilisme de la banlieue), mais c'est bien l'idée qu'il ne cherche jamais à être plus que cela, de ne jamais vouloir se démarquer de ses cliches (la vision binaire des quartiers difficiles) ni de rehausser les contours d'une fable humaniste et citoyenne qui, sur le papier, semble plutôt bienveillante dans ses intentions (même en vantant les mérites de la confrérie secrète des Compagnons du Devoir et du Tour de France, à la lisière du spot publicitaire institutionnel tout en pointant son sexisme latent).
Car si la forme pêche au-delà d'un casting totalement voué à sa cause, allant d'un Pio Marmaï naturel à une Najaa attachante et spontanée, le fond lui touche des vérités importantes, comme la notion de valorisation des métiers manuels et de l'artisanat (avec un apprentissage qui se perd de plus en plus au fil du temps), mais aussi la notion du bon vivre-ensemble et de la confiance commune, certes incroyablement naïve mais essentielle à une heure ou la société française n'a jamais été aussi divisée.
Insuffisant cependant pour relever ce qui peut s'assimiler comme un parcours fléché savamment balisé, didactique et dénué de toute complexité, shootés aux stéréotypes et aux bons sentiments - souvent - faisandés, alors qui aurait pu être beaucoup plus que cela.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Najaa, Pio Marmaï, Agnès Jaoui,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min.
Synopsis :
À 19 ans, passionnée de street art, Naëlle est contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion, sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches. Touchée par la jeune fille, Hélène, la responsable du chantier, lui présente un jour la Maison des Compagnons de Nantes, un monde de traditions qui prône l’excellence artisanale et la transmission entre générations. Aux côtés de Paul, Compagnon vitrailliste qui accepte de la prendre en formation dans son atelier, Naëlle découvre un univers aux codes bien différents du sien... qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie.
Critique :
#Compagnons ou l'énième variation d'un même moule ébreché depuis des lustres s'échinant maladroitement à suivre au pied de la lettre et sans une once d'originalité, les codes éculés de la comédie dramatique initiatique/d'émancipation doublée d'un regard social gentiment moraliste pic.twitter.com/TKD7ocXECj
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 22, 2022
Ce qu'il y a de profondément frustrant avant même la vision du nouveau long-métrage de François Favrat (que l'on avait laissé avec le très décevant et moi du genou Boomerang en 2015), Compagnons, c'est de voir qu'il transpire tellement l'odeur si familière du drame socialo-initiatique cher au cinéma français, qu'il est presque impossible de se persuader que la narration aura quelque d'un brin original à nous conter, voire même quelque chose de simplement divertissant.
Une idée qui n'aura même de cesse de persister tout le long de sa vision, tant est si bien qu'il est difficile de dégager les bons points - pourtant réels - de ce qui s'avère être l'énième variation d'un même moule ébreché depuis des lustres, s'échinant maladroitement à suivre au pied de la lettre et sans une once d'originalité, les codes éculés de la chronique initiatique/d'émancipation doublée d'un vrai regard social; où une figure tutélaire - évidemment - bienveillante, vient aider une jeunesse paumée issue de la banlieue (évidemment terrible puisque uniquement gangrenée par le crime, les trafics et les incivilités en tout genre), pour la ramener vers le droit et chemin et lui offrir un avenir.
Copyright Stéphanie Branchu |
Pourquoi pas après tout, mais une fois encore le problème n'est pas tant que Compagnons soit tout du long cousu de fil blanc, ou que sa tendance profondément moraliste à de quoi irriter un brin (ces bonnes âmes instuctrices - souvent blanches - qui sauvent les brebis égarées - souvent issus des minorités - du misérabilisme de la banlieue), mais c'est bien l'idée qu'il ne cherche jamais à être plus que cela, de ne jamais vouloir se démarquer de ses cliches (la vision binaire des quartiers difficiles) ni de rehausser les contours d'une fable humaniste et citoyenne qui, sur le papier, semble plutôt bienveillante dans ses intentions (même en vantant les mérites de la confrérie secrète des Compagnons du Devoir et du Tour de France, à la lisière du spot publicitaire institutionnel tout en pointant son sexisme latent).
Car si la forme pêche au-delà d'un casting totalement voué à sa cause, allant d'un Pio Marmaï naturel à une Najaa attachante et spontanée, le fond lui touche des vérités importantes, comme la notion de valorisation des métiers manuels et de l'artisanat (avec un apprentissage qui se perd de plus en plus au fil du temps), mais aussi la notion du bon vivre-ensemble et de la confiance commune, certes incroyablement naïve mais essentielle à une heure ou la société française n'a jamais été aussi divisée.
Insuffisant cependant pour relever ce qui peut s'assimiler comme un parcours fléché savamment balisé, didactique et dénué de toute complexité, shootés aux stéréotypes et aux bons sentiments - souvent - faisandés, alors qui aurait pu être beaucoup plus que cela.
Jonathan Chevrier