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[CRITIQUE] : Gogo


Réalisateur : Pascal Plisson
Acteurs : -
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
À 94 ans, Gogo intègre l’école de son village et devient la plus vieille écolière du monde. Mère de trois enfants, sage-femme depuis 75 ans, elle partage aujourd’hui les bancs de l’école avec des maîtresses et des élèves qu’elle a fait naître. Encouragée par ses 54 arrière-petits-enfants et l’école tout entière, la doyenne des écolières se lance un défi : réussir son examen de fin de primaire et prouver qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre !



Critique :


S'il avait déjà foulé de sa caméra les terres kényanes pour son documentaire Massaï, les guerriers de la pluie, Pascal Poisson les retrouve pour aborder le sujet préféré de sa carrière de documentariste - l'éducation - via Gogo, qui s'attarde sur une figure réelle incroyable, qu'aucune fiction n'aurait sans doute eu l'idée d'inventer.
Soit Priscilah Sitienei dite Gogo - d'où le titre -, une sage-femme kényane analphabète de 95 ans qui se lance véritablement dans le combat d'une vie (même si la sienne en est à son crépuscule, certes), à savoir retourner à l'école et démontrer l'importance auprès des siens - mais pas que - de l'éducation pour les jeunes filles; mission motivée par la non-scolarisation de six de ses arrière-petites-filles, tout comme elle à pu le vivre 90 ans en arrière (dans un Kenya encore sous le joug colonialiste de l’Empire britannique, l'éducation était strictement réservé aux garçons).

Copyright Pascal Plisson

Sans véritable liant scénaristique autre que les aléas scolaires (peut-être un peu enjolivés, et tournés sur une année de février 2018 à janvier 2019) de la pugnace Gogo - établie comme la plus vieille écolière du monde -, le cinéaste trace les contours d'une jolie oeuvre pétri de bienveillance sur une femme courage, jamais intimidé par cet effort sur le tard pas même jugé par tous les enfants autour d'elle (qui trouve cela étonnamment naturel, ce qui ne serait sans doute pas la même limonade avec des enfants occidentaux), qui l'accueillent pleinement comme une élève comme les autres.
Gentiment pittoresque, Gogo pointe du bout de la pellicule aussi bien la problématique de l'éducation en Afrique (surtout pour les jeunes filles, puisque plus de la moitié n'a pas accès à une éducation normalisée pour les petits garçons) que celle de la défense des droits des femmes au sein d'une société atrocement inégalitaire (comme bon nombres des pays en voie de développement), en faisant de sa figure centrale incroyablement charismatique, un symbole puissant à la sensibilité jamais feinte.
Un excellent documentaire humaniste et feel good, tout simplement.


Jonathan Chevrier