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[CRITIQUE] : 7 jours

Réalisateur : Yuta Murano
Avec les voix de : Takumi Kitamura, Rie Miyazawa, Megumi Han, Tatsuhisa Suzuki, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation, Action, Comédie
Nationalité : Japonais
Durée : 1h28min

Synopsis :
La veille des vacances d'été, Mamoru découvre que sa voisine Aya, dont il est secrètement amoureux, va déménager. Il lui propose de fuguer une semaine pour fêter ses 17 ans. Ils se cachent dans une usine désaffectée où ils sont rejoints par leurs amis. Ils découvrent bientôt qu’ils ne sont pas seuls à se cacher là : un jeune réfugié thaïlandais tente d’échapper à la police en attendant de retrouver ses parents. La joyeuse escapade prévue par Mamoru se transforme alors en guerre de 7 jours pour sauver leur protégé.


Critique :


Un peu plus d’un an après avoir été en compétition au Festival d’Annecy en 2020, 7 jours, le premier long métrage de Yuta Murano, sort enfin dans nos salles hexagonales. Nouvelle adaptation éponyme du livre best-seller écrit par Osamu Souda en 1985, le film qui nous intéresse tente de retranscrire avec entrain la fougue adolescente, quand il nous semblait essentiel de rejeter tout ce qui venait des adultes.

Copyright Eurozoom

Pendant sept jours, une troupe de jeunes adolescent‧es, qui ne se connaissent pas tellement (bonjour John Hughes), vont se terrer dans une usine désinfectée. En premier lieu, leur choix était une innocente rébellion face au déménagement soudain d’une de leur camarade, Aya, contrainte de suivre son père à Tokyo. Mais la petite escapade va se transformer en véritable guerre quand la troupe découvre dans l’usine, Marret, un enfant de onze ans thaïlandais, obligé de se cacher pour échapper à un contrôle de l’immigration. Leur choix de le protéger à tout prix et de retrouver ses parents va entraîner moult péripéties, où chacun‧e devra dévoiler ses petits secrets …

Yuta Murano et son scénariste, Ichiro Okouchi, débutent 7 jours avec le quotidien de Mamoru, lycéen féru d’histoire. Depuis toujours, il aime en secret sa voisine, Aya, sans pouvoir lui dire. Le jeune homme a peu d’ami‧es, lit seul dans son coin et n'interagit que sur internet, grâce à un forum de passionné‧es d’histoire, comme lui. Mais quand sa petite sœur lui annonce que leur voisine déménage, il trouve le courage de lui proposer une folle escapade : partir camper sept jours pour son anniversaire, ce qui permettrait à Aya de se venger un peu de son père, homme autoritaire et un poil cruel. Mamoru avait en tête un voyage à deux, en «amoureux», mais Aya, enchantée par cette idée de fugue, invite quelques ami‧es. Kaori, sa meilleure amie sportive. Soma, le beau-gosse de la classe. Saki, la camarade populaire et kawaï. Et enfin, Hiroto, le premier de la classe boudeur. Ce groupe disparate n’a pas grand chose à partager. Les histoires de Mamoru n’intéressent personne et chacun‧e tient son rôle, genré et archétypal : beau-gosse, bourgeoise, débrouillarde, enjouée, fermé ou introverti. Mais un but commun pourrait les rapprocher et dévoiler une profondeur et une ambivalence dans chaque personnage. Loin du lycée et des rôles qu’ils et elles doivent jouer, les personnages se découvrent et jouissent d’une nouvelle sorte de liberté : celle d’être enfin eux-mêmes.

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Parce qu’il offre une vraie narration pour les personnages, 7 jours évite d’être trop manichéen dans sa confrontation enfants/adultes. Leurs fortes convictions déploient un récit riche en émotions et en péripéties. Le film se pare d’une atmosphère tonique de rébellion et nous avons qu’une envie, les rejoindre dans leur combat. Surtout qu’ici, la guerre, représentée dans le titre anglais 7 days War, va plus loin que les sempiternels états-d’âme adolescents. Leur cause comprend le sort d’un enfant, séparé de ses parents à cause de la police de l’Immigration. L’acte de résistance se mue en un véritable acte civique et responsable, face à des adultes blasés, qui de leur côté ont tout simplement abandonné la lutte, par confort ou par facilité.

Indémodable groupe d’adolescent‧es résistant‧es face à l’autorité adulte, 7 jours tire son épingle du jeu grâce à un ton bienveillant, véritable ode à la jeunesse et à leurs idéaux. Si la structure du film, découpée par jour, devient redondante, le film de Yuta Murano nous séduit par sa fougue et son entrain. Nous sortons de la séance avec l’envie de résister au monde entier à notre tour.


Laura Enjolvy