[CRITIQUE] : Enragé
Réalisateur : Derrick Borte
Acteurs : Russell Crowe, Caren Pistorius, Gabriel Bateman,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Thriller, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Mauvaise journée pour Rachel : en retard pour conduire son fils à l’école, elle se retrouve coincée au feu derrière une voiture qui ne redémarre pas. Perdant patience, elle klaxonne et passe devant. Quelques mètres plus loin, le même pick up s’arrête à son niveau. Son conducteur la somme de s’excuser, mais elle refuse. Furieux, il commence à la suivre... La journée de Rachel se transforme en véritable cauchemar.
Critique :
Modeste thriller tout en sueur et en brutalité, zippé sur le western urbain méchant fleurant un brin l'after shave rageur du bouillant #FallingDown de feu Joel Schumacher, #Enragé ravive la flamme des séries B dégraissées, jouissives et à l'ancienne, avec un Russell Crowe habité. pic.twitter.com/wTzarGAJmd— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 19, 2020
Le trafic est à l'arrêt, et la mère célibataire aimante qu'est Rachel (Caren Pistorius, lumineuse), est en retard pour déposer son jeune fils, Kyle à l'école.
Son quotidien est stressant et difficile, professionnellement à un stade critique, son ex-mari également un parfait connard, sa mère, très malade, a tout récemment été transférée dans une maison de soins et elle doit partager sa maison avec son frère et sa compagne.
En gros, elle a une sacré vie de merde, et il ne lui en faut pas plus pour que tout déborde vers le cauchemar absolu... ce qui va arriver lorsqu'elle klaxonne et dépasse avec (beaucoup) trop d'impatience une camionnette grise, dont l'homme à son volant (Russell Crowe, sans nom mais avec un capital crazy puissance 10000), est encore plus fragile et sur la corde raide qu'elle.
Tout en sueur, hautement médicamenté et physiquement imposant (pour ne pas dire foutrement inquiétant), le bonhomme va insister pour qu'elle s'excuse, quitte à lui pourrir la vie, et tout faire pour la nuir...
Que serait un été cinéma, même sous l'ombre pesante du Covid-19, sans sa bonne péloche primaire et jouissive venue animer des salles obscures en ayant cruellement besoin ?
Un été résolument triste, heureusement Derrick Borte et son féroce Enragé, est là pour raviver la flamme des séries B dégraissées et à l'ancienne (parait-il que les 90's ne peuvent pas revenir en force ? La preuve que si), dont la modestie n'a d'égale que sa jolie maîtrise.
Thriller de chair et de carrosseries (le film est principalement contenu à l'intérieur des habitacles), zippé sur le western urbain fleurant bon l'after shave rageur du cultissime Falling Down de feu Joel Schumacher (jusque dans son ouverture volontairement outrancière, pointant les dérives de la dégradation et de la déshumanisation de la société contemporaine), avec qui il partage le regard nerveux et sombrement drôle d'une masculinité émasculée, la péloche tend tout du long vers une brutalité et un manque de subtilité total (c'est prévisible, lourd et parfois très violent, au-delà d'être totalement incohérent dans le manque d'impunité ou de répondant policier face au personnage de Russell Crowe), quitte à n'avoir aucune peur de choquer son auditoire ou de même de le rebuter avec son rythme volontairement lancinant.
Un parti pris couillu mais in fine payant, Enragé n'étant jamais charpenté pour réécrire le genre (il est totalement, sans être trop sérieux, conscient de son statut) mais bien l'aborder avec dynamisme et rigueur, une petite boule de terreur mécanique ou la menace massive s'incarne un Crowe habité, remplit l'espace au sens propre comme au figuré (la forme olympique de Maximus est loin).
Avec ses fausses allures de DTV de luxe (jusque que dans sa photographie au filtre grisonnant), le film de Derrick Borte fait admirablement bien le job, un thriller élégant, méchant et solide, qui ne succombe jamais aux sirènes du bigger & louder généralement de mise en cette période estivale... et ça fait du bien.
Jonathan Chevrier