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[CRITIQUE] : Color Out of Space


Réalisateur : Richard Stanley
Acteurs : Nicolas Cage, Joely Richardson, Madeleine Arthur, Brendan Meyer, Julian Hilliard,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur, Science-fiction.
Nationalité : Américain, Malaisien, Portugais.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
D'après la nouvelle La Couleur tombée du ciel de Howard Phillips Lovecraft sortie en 1927.

Les Gardner ont à peine le temps de s'habituer à la vie de la campagne qu'une météorite explose dans leur jardin en pleine nuit, dans un halo d'une lumière qui n'existe pas. Peu à peu, la propriété familiale semble contaminée par un mal indicible, qui affecte la flore, la faune... et les Gardner.



Critique :


Il y a des affiches qui ne trompent pas, et qui savent méchamment attirer son cinéphile, voyez plutôt : l'une des histoires les plus effrayantes du légendaire HP Lovecraft (l'un des écrivains de science-fiction contemporains les plus importants de l'histoire de la littérature), mise en boîte par un cinéaste qui retourne enfin aux affaires, l'excellent et habitué de la SF solide Richard Stanley (Hardware, Dust Devil et le malade L'Île du Docteur Moreau) et avec rien de moins que Nicolas " Fucking " Cage en vedette.
Sur le papier Color Out of Space est carrément un tiercé gagnant comme on en a rarement vu, mais surtout un vrai moment de cinéma singulier et authentiquement idiosyncrasique, se concentrant habilement sur une peur non seulement de l'inconnaissable mais de l'intangible, sur des choses se produisant tout autour de nous tout le temps que nous ne pouvons même pas commencer à percevoir ou comprendre.



Sorte de détournement inquiétant de la " bienveillante " rencontre extraterrestre d'un Rencontre du Troisième Type, le film suit l'arrivée sur une petite ville fictive du Massachusetts, d'un météore qui apporte avec lui un étrange faisceau de couleurs qui commence à infecter et à imprégner leur environnement mais surtout une famille, les Gardner (déjà atypique et possédant justement la cour ou il s'est écrasé), changeant constamment les sens communs de la biologie (des animaux disparaissent et réapparaissent sous des formes difformes, les cultures deviennent grosses mais pourries de l'intérieur,...), de la psychologie (les personnages deviennent encore olus excentriques qu'ils ne le sont déjà) et du temps.
Vraie bande sur la folie ou chaque personnage semble vivre sa propre version de l'histoire (accentué dès la lente descente dans les limbes du ridicule du paternel, qui n'a d'yeux que pour ses alpagas), Color Out of Space est une expérience étrange et sensorielle à l'humour totalement absurde et décalé, qui abandonne toute emprise sur le réalisme et se monte crescendo dans le carnage psychédélique au gré de la performance ahurissante de Nicolas Cage (en mode Mandy), représentation vivante de la détérioration de la réalité causé par une confrontation destructrice avec l'inconnu.



Focalisé sur le désagrément accru de la dynamique familiale, dont les dépressions mentales individuelles et la forte tendance à l'automutilation commune semble être la seule chose qu'ils partagent entre eux (et comme si la météorite n'était que le catalyseur extrême pour que tout explose définitivement en eux), le film de Stanley rappelle aussi bien le chef-d'oeuvre The Thing, sommet de paranoïa extraterrestre, que les grandes heures du cinéma horrifique et jouissivement fou de David Cronenberg, ou celui plus pervers et barré de Brian Yuzna (From Beyond en tête).
Sublimé par des SFX soignés et un score hallucinatoire de Colin Stetson (des partitions synthétiques sinistres as hell), Color Out of Space est un pur trip psychédélique cruel et paranoïaque, à l'énergie et à la folie furieusement communicative qui fait constamment fît de ses incohérences pour proposer une vraie expérience à part à son auditoire.
Sur ce terrain, le come-back de Richard Stanley est d'une réussite éclatante.


Jonathan Chevrier



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