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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #81. Beverly Hills Cop II

© 1987 - Paramount Pictures. All rights reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#81. Le Flic de Beverly Hills 2 de Tony Scott (1987)

La nostalgie des merveilleuses 80's aidant, il n'est pas si difficile d'affirmer qu'à une époque actuelle ou la franchisation à outrance de tout produit un minimum populaire, est devenu le mojo de la quasi-totalité des majors Hollywoodiennes, autant dans un souci férocement cupide que dans une paresse totale de proposer quelque chose d'original (à quoi bon, tant que le spectateur se rend en masse dans les salles pour digérer la tambouille), bah le cinéma d'exploitation... c'était mieux avant, même si les franchises existaient déjà, et que la cupidité rythmait également la majorité des choix des " décisionnaires ".
La seule différence est qu'auparavant, les studios tentaient de contenter un minimum les spectateurs, en répondant un tant soit peu à leurs attentes et en leur offrant ce qu'ils voulaient voir : des suites bien foutues et respectueuses, leur donnant la possibilité de retrouver des héros qu'ils ont appris à aimer, pendant une poignée d'heures.
Une idée simple, mais sensiblement oubliée en cours de route avec la mutation de la jungle Hollywoodienne, boursouflée par la dominance Disney et le polissage putassier de ses divertissements.


© 1987 - Paramount Pictures. All rights reserved
Véritable remake appliquée du premier - et génial - opus de Martin Brest, Le Flic de Beverly Hills II, au même titre que L'Arme Fatale II où même Retour vers le Futur II, s'inscrit pleinement dans la droite lignée du film original tout en pouvant le regarder dans les yeux sans trembler, à ceci près qu'il s'est en prime vu appliqué la loi du Bigger and Faster cher à toute séquelle américaine.
Et cette suite s'est justement vu boosté à tous les niveaux : plus de scènes d'action frénétique, plus d'humour et de violence, de dialogues savoureux, de one man show " Murphyen " et même une complète transformation de son héros vedette (passant de flic un peu fauché et magouilleur, à flic clairement moins fauché et encore plus magouilleur !), alors que l'intrigue elle, ne fait que sobrement recyclé la précédente, non sans une certaine habileté et avec quelques aménagements salvateurs qui font gentiment passer la pillule.
Encore une fois, Foley doit partir à Beverly Hills pour élucider une enquête intime, qui a flingué un de ses potos (ici Bogomil, entre la vie et la mort, sort qui était déjà plié pour Mickey deux ans auparavant), et se voit aider de ceux qui sont devenus ses amis avec le temps, John Taggart et Billy Rosewood, dont les personnages sont sensiblement plus étoffés : le premier est désormais un aîné non plus violent mais toujours ronchon, un brin trouillard et en instance de divorce - ou presque -, tandis que le second reste un jeune loup qui est accro aux armes et au franc-parler plus soutenu (il était salement timide dans la première aventure), et se rêve aussi cool que son modèle black venu de Detroit. 


© 1987 - Paramount Pictures. All rights reserved
Mieux : le méchant est encore une fois un riche millionnaire à la machoire carrée dépassant avec gourmandise les frontières de la légalité (Victor Maitland cède sa place ici à Maxwell Dent, aussi inquiétant et peu volubile), et titulaire d'une organisation criminelle que notre trio magique va s'atteler à démanteler (la drogue pour Maitland, les armes pour Dent, qui profite du braquage de bijouteries pour financer ses business), avec perte et fracas... mais surtout fracas, avec feu le regretté Tony Scott à la barre.
Loin de n'être qu'une simple redite racoleuse, Beverly Hills Cop II pousse tous les curseurs à fond et se savoure comme le bon divertissement fun et joliment régressif qu'il est, sans la moindre restriction.
Explosif et énergique grâce à une mise en scène enlevée et sous exta du Tony, totalement déchaînée dans son humour, qui prend une toute autre saveur avec son doublage VF (" Elle est immense cette grande salope " - pauvre Brigitte Nielsen -, " Moi aussi Lutz, j'te pisse au cul "), le film lâche les gazs sous une B.O. entraînante (The Pointer Sisters et Bob Seger en tête) et laisse Eddie Murphy mené une danse que lui seul peut choregraphier.
Avec sa gouaille géniale, il transcende les baratins extrêmes de Foley pour en faire de vrais moments de comédies uniques : Johnny Porte-Bonheur et ses dons " mediumniques ", embrouiller d'honnêtes travailleurs en se faisant passer pour la commission d'urbanisme pour squatter une maison de luxe gratis, se faire passer pour un livreur en sueur portant des "capsules de plutonium" et ayant deux jumelles - Monique et Unique -, ou encore s'inflitrer en douce lors d'une fête dans le manoir Playboy de Hugh Hefner, en se faisant passer pour un ouvrier venu ramasser les excréments d'une piscine... il ose tout, est constamment lui-même et ça fait constamment mouche, sans exception.


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Exit l'effet de surprise donc, le duo Don Simpson et Jerry Bruckheimer reproduit volontairement mais surtout soigneusement la formule originale pour en rendre une copie plus décomplexée, référencé (et limite méta) et léchée (superbe photo de Jeffrey L. Kimball, qui fait de L.A. un paradis crepusculaire encore plus attirant), Le Flic de Beverly Hills II est une rareté : une suite qui est aussi bonne que l'original, voire presque meilleure.


Jonathan Chevrier