[CRITIQUE] : Dora et la Cité Perdue
Réalisateur : James Bobin
Acteurs : Isabela Moner, Michael Peña, Eva Longoria,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Famille, Aventure.
Nationalité : Américain, Australien.
Durée : 1h40min.
Synopsis :
Après des années à explorer la jungle avec ses parents, Dora se prépare à vivre l’épreuve la plus difficile de sa vie : l’entrée au lycée ! Son âme d’exploratrice ressurgit quand elle doit voler à la rescousse de ses parents en danger.
Accompagnée de son fidèle singe Babouche, de son cousin Diego et de nouveaux amis hauts en couleur, Dora embarque dans une folle aventure qui l’amènera à percer le mystère de la Cité d’or perdue.
Critique :
Jouant autant de la nostalgie que du décalage, avec son héroïne dont la singularité est tourné en dérision, pas toujours fin dans son humour ni ses effets, #DoraEtLaCitéPerdue— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 12, 2019
n'est pas totalement le ratage redouté ni même la réussite un poil espéré. Un entre-deux pas désagréable pic.twitter.com/cqOEiFG9nD
Qu'on se le dise, derrière leurs allures de grosses machines à billets verts populaires, sensiblement soutenues dans les salles obscures du monde entier et chapeautées par des équipes bien trop rodées à la tâche, les franchises Hollywoodiennes sont des petits êtres sur pellicule qu'il faut traiter avec respect et précaution, sous peine de voir leurs qualités, et directement leur pouvoir attractif, fondre comme neige au soleil.
Si elle était habitué à chouchouter son bébé Mission : Impossible, la Paramount en a fait l'amère expérience avec Transformers, poule aux oeufs de bronze et non plus d'or désormais, qui si elle a (re)gagné en intérêt (l'excellent spin-off/prequel Bumblebee), n'est plus autant bankable que par le passé.
Raison de plus pour la major donc, de se trouver un nouveau Cheval de Troie pour infiltrer nos étés ciné avec une nouvelle wannabe franchise au pouvoir populaire déjà certain, et elle n'a pas cherché bien loin dans son catalogue en produisant rien de moins qu'une péloche live de... Dora l'Exploratrice, petite gamine aventurière dont le dessin animé pseudo éducatif aura connu un succès aussi monstrueux que totalement incompréhensible (ah les mioches...) sur les deux dernières décennies.
Transposé non pas au pied de la lettre mais directement au stade de teen movie young adult avec une Dora faisant ses premiers pas au lycée, bifurquant gentiment mais sûrement vers le film d'aventure familial en quête d'un mystère important (découvert par les parents de Dora) pompant gentiment sur la concurrence récente (Jumanji : Bienvenue dans la Jungle en tête); Dora et la Cité Perdue, même s'il épouse avec une frénésie totalement alarmante, tous les clichés/facilités qui lui tombent devant la caméra, parvient à laisser parler une certaine magie qui fait mouche.
Fidèle à son matériau d'origine, auquel il offre son bon lot de clins d'oeil plus ou moins appuyés (tout en pointant des incohérences : tout le monde trouve ça normal que des animaux parlent...), le film véhicule au milieu d'un océan de blagues scatos, un message réjouissant et plein de tendresse sur l'élimination des obstacles du dur passage à la vie d'adulte, et sur la difficulté d'être soi-même face à d'autres personnes, qu'ils soient nos amis ou de parfaits inconnus.
Étonnamment joyeuse et empathique, la jeune distribution, même si elle joue affreusement des stéréotypes (pas aidé par une écriture limitée), porte cette idée pure et profondément louable pour un divertissement résolument ciblé pour nos petites têtes blondes, de se forger sa propre personnalité sans la claquer sur des personnes plus populaires.
Être soi-même le plus tôt possible, c'est important et pourtant, rares sont les productions populaires aujourd'hui, à en faire leur credo principal.
Jouant autant de la nostalgie (on a tous grandit, de près ou de loin, avec Dora) que du décalage (Danny Trejo et Benicio Del Toro qui ont des voix d'animaux... ok), avec son héroïne dont la singularité est souvent gentiment tourné en dérision, pas toujours fin dans son humour et encore moins dans ses effets visuels (les SFX sont à la ramasse, et les animaux en CGI ne fonctionnent pas aussi bien que prévu) et sa mise en scène sans saveur, la péloche n'est pas totalement le ratage redouté ni même la réussite ardemment espéré.
Une sorte d'entre-deux pas si désagréable qui se ressent à tous les niveaux (un teen movie avec des ados ressemblant bien plus à des enfants,...), mais qui a bon ton de prôner le " être soi-même " coûte que coûte, et qui à le mérite de laisser à nouveau le génial Michael Peña voler le show à chaque apparition.
C'est déjà pas mal.
Jonathan Chevrier
La torpeur de la semaine du 15 août apporte peu d’excitation dans nos salles obscures. Chaque année, nous n’avons pas beaucoup de film à se mettre sous la dent (d’où la foule en délire pour le nouveau Tarantino). Mais face à Once upon a time… in Hollywood, nous avons une adaptation d’un dessin animé prisé par nos enfants, neveux, nièces, cousins, cousines de moins de six ans : Dora l’exploratrice. Le passage en long-métrage est parfois une catastrophe (Totally Spies, notamment) et le projet n’avait pas de quoi faire naître de l’engouement. La série éducative de Nickelodeon n’a jamais dépassé le public visé comme a pu le faire d’autres séries pour enfant de la firme (Bob l’éponge en tête). De plus, à la surprise générale, Dora et la cité perdue est un live-action. L'héroïne n’est plus une exploratrice de sept ans, mais une jeune adolescente qui quitte sa jungle pour en découvrir une autre : le lycée.
Ce n’était pas une mauvaise idée de faire grandir Dora et la changer d’environnement. Elle devient un personnage naïf, inadapté à la société, ce qui la rend deux fois plus attachante (ce genre de personnage fonctionne sur petits et grands, comme le prouve notre ours préféré Paddington). Le film se moque gentiment de la série, comme les spectateurs ont dû le faire à un moment de leur vie, quand Dora regarde la caméra et nous invite à répéter ce qu’elle dit avec un enthousiasme exacerbé et désespérant. Ce qui est mignon sur une jeune fille de sept ans ne l’est plus sur une adolescente débrouillarde mais immature. Malheureusement, ce ton ironique disparaît assez vite, ainsi que les scènes au lycée qui ne sont jamais vraiment exploitées. Mean Girls avait déjà superbement montré un personnage premier degré et naïf qui arrive pour la première fois au lycée et la violence que cela peut représenter, mais Dora et la cité perdue n’ira jamais aussi loin. Ce passage du film tient uniquement parce qu’il présente aux spectateurs un Diego changé et deux nouveaux personnages (le geek et la coincé bonjour les clichés) qui vont tous accompagner Dora (contre leur gré) au Pérou, à la recherche de ses parents disparus. Après ces séquences éclaires, nous retournons dans la jungle. Le film se lance en position ‘aventure familiale”, mode pilote automatique.
Dans sa seconde partie, Dora et la cité perdue suit le parcours de cinq protagonistes (nos quatre ados et un ami des parents de Dora), que tout opposent mais qui finiront par se rapprocher, grâce aux aventures, de la plus grotesque (une chanson sur le caca) à la plus dangereuse (la découverte du Parapata). Le film fait une deuxième fois référence au dessin animé dans une séquence hallucinatoire colorée et hilarante. Mais il ne dépasse jamais le déjà vu et le spectateur ne ressent jamais vraiment un quelconque danger pour eux. Après avoir élucider les énigmes (d’une simplicité effarante) qui les mènent aux trésors, tout rentrera dans l’ordre évidemment. Mais les quatre héros sont maintenant amis et pourront danser ensemble au bal du lycée dans une séquence musical digne d’un épisode de Glee. Pourtant, le film évite d’être une catastrophe que rien ne sauve, grâce à une seule personne : Isabela Moner. La jeune actrice de dix-huit ans a accepté ce rôle casse-gueule (pour une raison inconnue après ses prestations remarquées dans Sicario 2 et Apprentis Parents), elle incarne cette Dora avec beaucoup de cœur. Elle arrive à éviter le ridicule et livre une prestation ultra positive, décalée et drôle.