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[CRITIQUE] : Paddington au Pérou


Réalisateur : Dougal Wilson
Acteurs : Guillaume Gallienne (voix), Ben Whishaw (voix), Hugh Bonneville, Emily Mortimer, Antonio Banderas, Olivia Colman,...
Distributeur : StudioCanal
Genre : Aventure, Comédie, Famille.
Nationalité : Britannique, Canadien, Français, Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Alors que Paddington rend visite à sa tante Lucy bien-aimée, qui réside désormais à la Maison des ours retraités au Pérou, la famille Brown et notre ours préféré plongent dans un voyage inattendu et plein de mystères, à travers la forêt amazonienne et jusqu'aux sommets des montagnes du Machu Picchu.



Critique :



Si le dicton dit bien " un être vous manque et tout est dépeuplé ", en ce qui concerne le septième art, il prend une apparence qui se revendique presque comme une vérité générale : un réalisateur - où une réalisatrice - change, et c'est tout une saga qui est bouleversée.
Pour Paddington au Pérou, qui fait suite (tardivement) au chef-d'œuvre Paddington 2 (même Nic Cage le dit), la mission était même doublement impossible à réussir, à savoir essayer de faire mieux que le précédent film pour un Dougal Wilson qui, échappé de la pub, fait ici ses débuts pour le grand écran - c'est son premier long-métrage -; et justement jongler avec l'héritage laissé par Paul King, tout en tentant de faire voguer le plus adorable des ours vers de nouvelles (més)aventures.

Copyright STUDIOCANAL SAS ©Peter Mountain

S'il échoue, évidemment, assez logiquement à atteindre les sommets de son prédécesseur, capable de convoquer dans la simplicité la plus enchanteresse qui soit, le meilleur de la marmelade du divertissement familial Capra-esque, pour mieux la tartiner amoureusement sur une tranche de pain complet Wes Andersonien (une prouesse que King réitérera, avec encore plus d'audace, sur son étonnant Wonka); c'est surtout à travers le fait que Wilson n'arrive pas forcément non plus à proposer quelque chose de fondamentalement original autre qu'une popote résolument conventionnelle, qui rend l'expérience qu'incarne ce troisième film si ce n'est décevante, au moins sensiblement frustrante.

Certes, pour un galop d'essai, le bonhomme fait un travail plutôt habile pour s'approcher au maximum de la magie artisanale des deux premiers films, mais c'est justement le fait qu'il ait à essayer si dur de renouer avec ce qui a fonctionné si simplement par le passé, sans véritablement y parvenir, qui laisse un goût amer à cette marmelade qui n'a de Pérou que de nom (la quasi-totalité des séquences ont été tournées en Colombie, comme quoi), et dont les premières minutes portées par la douce séquence Chaplinesque du photomaton (qui ramène directement à celle de la salle de bain du premier film), agissent presque comme un leurre au cœur d'une narration bancale qui, malgré la jolie morale derrière, (notre vraie maison n'est pas forcément celle où l'on se sent le plus chez soi), manque cruellement d'enjeux et de corps.

Copyright STUDIOCANAL SAS ©Peter Mountain

Si la chaleur est toujours là, l'excentricité et le burlesque inhérente à la saga en prennent sacrément pour leur grade, rendant de facto sa chasse au trésor, qui louche sensiblement Les aventuriers de l'arche (où plutôt de la tante et de la cité) perdue et offre une légère inversion des rôles (ce sont les Brown qui sont, cette fois, en terres hostiles), un brin pâle, d'autant que les nouveaux arrivants - Antonio Banderas et Olivia Colman - ont tendance à moins se fondre dans le moule, qu'à grignoter l'attention du plus craquant des ours.

Sans aucun doute l'opus le plus faible de la saga jusqu'à présent, Paddington au Pérou a néanmoins toujours assez de cœur et de bonté en lui pour plaire et avoir une - voire deux - coudées d'avance sur le divertissement familial actuelle.
Les petits plaisirs y sont toujours aussi doux, juste ils se font beaucoup, beaucoup plus rares...


Jonathan Chevrier


Copyright STUDIOCANAL SAS ©Peter Mountain

Alors que 2025 commence sur les chapeaux de roues de l’enfer, il nous fallait l’arrivée d’un ours loin d’être mal léché pour nous mettre du baume au cœur. Heureusement, Paddington revient au cinéma dans un troisième volet endiablé qui nous emmène sur les terres natales de notre héros : le Pérou.

Paul King avait su nous enchanter avec le premier Paddington, mais surtout avec le second film, un véritable bonbon doux et sucré où la prison devenait une fabrique de marmelade et où les apparences, toujours trompeuses, prenaient des tours inattendues. Cependant, le réalisateur britannique a laissé sa place à Dougal Wilson pour Paddington au Pérou (et a réalisé Wonka entre-temps). Un autre désistement est arrivé, celui de Sally Hawkins qui n’a pas repris son rôle de Mrs Brown, remplacé par Emily Mortimer. Ce troisième opus a-t-il alors la même saveur, sans ces deux ingrédients magiques ?

Copyright STUDIOCANAL SAS ©Peter Mountain

La réponse sera non. Cela ne veut pas dire, en revanche, qu’il faut l’oublier pour autant. Chez Paul King, c'était l'inventivité qui primait. Le merveilleux de la narration était ce qui apportait la légèreté et le bon goût de l'enfance. Chez Dougal Wilson, c'est le fun et les blagues qui priment plutôt. Des blagues bon enfant, qui enfoncent Paddington au Pérou dans un ton enfantin, dont il fait un peu les frais. Notre ours favori continue à nous faire rire, avec ses frasques rocambolesques et son air innocent, mais la narration force le trait, peut-être par peur que le public s’ennuie. Pourtant, nous sommes loin de nous ennuyer face à une suite de péripéties, qui emmènent la famille Brown (et nous avec) dans la dangereuse jungle du Pérou. Et les acteur⋅ices jouent le jeu, force également le trait pour notre plus grand plaisir. Après Nicole Kidman et Hugh Grant, c’est au tour d’Antonio Banderas et d’Olivia Colman de briller par le kitch de leur rôle. Le premier comme un capitaine de bateau, à la recherche de l’Eldorado (et nous avons l’impression qu’il a attendu ce rôle toute sa vie). La deuxième comme une Révérende Mère pétillante, mais un peu inquiétante, l’actrice sachant jouer sur les deux tableaux avec une facilité déconcertante.

La présence de Paul King est cependant manifeste. Premièrement parce que Dougal Wilson se calque sur la mise en scène des deux premiers films. Deuxièmement, parce que Paul King a imaginé l’histoire de ce troisième opus. Nous avons vu grandir la famille Brown, nous l’avons vue évoluer. Le scénario, basé sur ce que veut dire “faire famille”, comporte de belles séquences émotions, qui nous rappelle que Paddington est avant tout vecteur de beaux messages qui nous font du bien. Même si Dougal Wilson peine à nous convaincre pleinement, il faut lui reconnaître un sens du rythme dans les blagues et surtout, un sens esthétique des paysages.

Copyright STUDIOCANAL SAS ©Peter Mountain

Alors partons quand même à la recherche de cette chère tante Lucy, parfait prétexte pour chercher le sens de notre identité. Si “l’ADN Paddington” est en soi altéré, Paddington au Pérou garde assez de douceur et de joyeuseté pour nous faire tenir tout le mois de février.


Laura Enjolvy