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[CRITIQUE] : In a Violent Nature


Réalisateur : Chris Nash
Acteurs : Ry BarrettAndrea PavlovicCameron Love, Reece Presley,...
Distributeur : Insomnia
Genre : Epouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Après s’être fait dérober un précieux artefact, cadeau de sa mère, un tueur en série s’extirpe de sa tombe pour entamer une quête vengeresse. Il va traquer un groupe de jeunes qui se racontent son histoire.




Critique :



Ils sont rares, excessivement rares même, les sous-genres du cinéma horrifique tel que le slasher, à pouvoir se payer ce que l'on pourrait considérer, plus où moins, comme une renaissance à quasiment chaque décennies, dans une sorte de cycle perpétuel de lavage-rinçage-répétition de l'intrigue et des personnages, imbibé par l'aura mystique du Scream de Wes Craven - à la fois une bénédiction et une malédiction pour ce sous-genre.

Et alors que la nouvelle décennie vient de gentiment entamer son second virage, pas forcément sublimé par une pluie de séances - le dernier diptyque de Scream en tête - ne cherchant jamais réellement à se démarquer de la (confortable) masse, le slasher cherche toujours autant à se faire peau neuve - enfin, on se comprend -, armé par l'énergie du désespoir de prouver au spectateur qu'il y a encore des quelques esprits brillants capables de générer des frissons qui assureront sa survie pendant encore quelques temps.

Si l'on contredira volontiers l'idée que Kevin Williamson en fasse partie (son Scream 7 pue tellement la naphtaline que s'en est presque indécent), difficile de ne pas placer Damien Leone (la saga Terrifier, qui ne se résume plus totalement qu'au slasher désormais) et Chris Rush (le solide et excessivement gore court-métrage Z for Zygote de ABCs of Death 2) au-dessus de la mêlée, dont son In a Violent Nature est l'une des réponses les plus brutales et viscérales faite au genre depuis... toujours ?

Copyright Shudder Films

Pure expérience expérimentale au rythme méditatif (aucune bande sonore à la clé), sorte de (bon) Vendredi 13 contemplatif et atmosphérique totalement vissé sur le point de vue de son boogeyman taiseux et sauvage, cousin pas si lointain de Jason Vorhees (qui ne prend absolument pas à la légère, autant un sommeil gâché que le vol des bijoux de famille), le film se fait une déconstruction ET une reconstruction à la fois étonnante (parce que parfois à la lisière de la parodie) et profondément nihiliste du slasher, qui bouscule nos certitudes (exit toute manipulation émotionnelle pour susciter l'empathie pour les victimes, tout ici est fait pour ressentir pleinement l'inévitabilité des massacres perpétués) rend réel la moindre de ses mises à mort qui, avec une vision moins habile, aurait tout d'une mauvaise compilation de fatality digne d'un montage YouTube de fan hardcore de Mortal Kombat.

C'est percutant et dérangeant à la fois (parce que cela nous confronte, frontalement, à notre besoin irrationnel de satisfaire notre curiosité morbide), excessivement gore et déstabilisant (même lorsqu'on le découvre confortablement dans son canapé) dans son immersion sans concession, et même si cela reste un poil fragile sur certains de ses appuis (sa volonté de brosser une pensée, jamais vraiment creusée, sur l'amoralité inébranlable de la nature; son final chaotique où encore quelques longueurs), le tout est d'une férocité et d'une froideur rare.

Une vraie proposition à part, fruit d'une approche à la fois intelligente (jusque dans sa mise en scène, tout en plans fixes savamment étirés), audacieuse et subversive, qui ne conviendra - évidemment - pas à tous les publics. 
Mais par ici, on aime vraiment ça.


Jonathan Chevrier