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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #45. Three O’Clock High

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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#45. Trois Heures, L'heure du crime de Phil Joanou (1987)

Gageons que l'on a tous un peu trop tendance à résumer les meilleurs teen movies des glorieuses 80's, à l'oeuvre de feu le regretté John Hughes, tant le bonhomme a beaucoup fait - si ce n'est pas tout fait même - pour crédibiliser le genre aux yeux des cinéphiles avertis (mais pas que).
Ce qui laisserait presque sur le carreau toutes les pépites du genre étant sortie dans l'ombre de ses péloches, et le bien nommé Three O'Clock High est décemment de ceux-là, une production Amblin (et Aaron Spelling) se démarquant gentiment des potacheries de l'époque pour mieux s'inscrire gentiment dans l'ombre de Breakfast Club, en croquant un univers lycéen aussi réaliste qu'il est férocement attachant, sur des ados profondément banales et donc infiniment empathiques.

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Articulé autour d'une journée de cours, en apparence comme toutes les autres mais au final assez folle, et fortement influencé par le mésestimé After Hours de Martin Scorsese (tout est une question de temps, et ce dès la première image du film), le film de Phil Joanou suit l'histoire de Jerry Mitchell (excellent Casey Siemaszko), un lycéen désespérément modeste et bossant dans une petite boutiquede fournitures au sein de l'établissement, qui se retrouve catapulter par un incroyable coup du sort, dans une course contre la montre lorsque Buddy Revell (le charismatique et génial Richard Tyson), un nouvel étudiant en transition musclé et apparemment gentiment psychotique (sa réputation de brute épaisse le précède avant même qu'il n'apparaisse à l'écran), qui le met au défi de se battre sur le parking du lycée, à la fin des cours...
Un enchainement de cause à effet dingue, là où il ne devait pourtant être, au départ, que le sujet d'un article pour le journal de l'école, que Jerry avait amicalement proposé d'écrire pour rendre service à son meilleur ami.
Jerry va donc devoir prendre son courage à deux mains, courage qu'il n'a d'ailleurs jamais mis à l'épreuve de toute sa vie, pour faire face à un véritable monstre brutal, qu'il tentera par tous les moyens d'éviter jusqu'à l'heure fatidique, trois heures pétantes...
Comédie cartoonesque aussi haletante qu'elle est d'une finesse rare, Trois Heures, L'Heure du Crime s'attache tout du long à conter l'histoire d'un ado lambda, un être fondamentalement doux et pacifiste n'ayant pour seule prétention que de s'en sortir sans bobo au sein de la jungle lycéenne.
Un ado parmi tant d'autres, qui se fondrait même dans l'arrière-plan sans que l'on s'en rende compte, qui accepte de se faire bousculer par les " héros " sportifs, les gosses populaires qui ne voit en lui qu'une fourmi facile à écraser.
Et c'est cette simplicité dans le choix de caractérisation de son héros, un gamin jamais à la hauteur mais qui à mesure que le temps passe va, même malgré lui, le devenir (quitte à passer par des actes lâches et honteux), ainsi que l'aspect totalement crédible de son affrontement avec le petit nouveau rebelle et dix fois plus baraqué que lui - un vrai affrontement entre David et Goliath - qui fait tout le sel de ce teen movie.
Une chronique adolescente affûtée pointant habilement du bout de la pellicule la banalisation de la violence de toute une nation, mais aussi et surtout le fonctionnement compliqué et cruel, du microcosme scolaire, entre l'incompréhension (l'incompétence ?) des adultes, la hiérarchisation forcée des classes (nerds, sportifs, rebelles,...) et la nécessité de faire face plus vite que de raison, à la dureté de la vie et de l'âge adulte (et de la manière la plus old school qui soit, par la force des poings, des coups reçus et donnés).

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Porté par un casting de seconds couteaux proprement excellent (Jeffrey Tambor, Philip Baker Hall, Mitch Pileggi, John P. Ryan,...), une mise en scène inspirée (et poussant gentiment à l'asphyxie à coups de cadrages déroutants et autres zooms agressifs), et une B.O. au poil signé Tangerine Dream, Three O'Clock High est un must-see du teen movie survolté, intelligent et attachant, qui mériterait une reconsidération au plus vite, lui qui a d'ailleurs tout récemment été pillé plus que de raison dans le pseudo-remake version adulte qu'incarne Fist Fight, avec Ice Cube et Charlie Day.
Laissez-nous l'original et nos 80's, merci bien.


Jonathan Chevrier


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