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[CRITIQUE] : L'Heure de la Sortie

 

Réalisateur : Sébastien Marnier
Acteurs : Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot, Pascal Greggory,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français
Durée : 1h34min

Synopsis :
Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret...



Critique :

On avait laissé le cinéaste prometteur Sébastien Marnier avec un excellent premier essai, Irréprochable porté par la merveilleuse Marina Foïs, drame social sincère (une femme sans emploi depuis un an, revient dans son village natale et est littéralement prête à tout pour récupérer un job qu'elle estime être le sien) mutant en thriller implacable sur la dérive d'une âme machiavélique et mythomane, au scénario aussi bien troussé qu'il était savoureusement retors.
Deux ans plus tard, et toujours aussi inspiré (mais aussi accompagné de Zombie Zombie à la B.O), il nous revient avec l'alléchant L'Heure de la Sortie, dominé par un Laurent Laffite littéralement habité, et qui s'inscrit dans la même veine de péloche perverse et maline dans sa manière de décortiquer la noirceur de l'âme humaine, que son précèdent long.



Démarrant tambour battant (le suicide d'un prof, ambiance), la bande annonce sans trembler la couleur : il est, hélas, le genre de film que l'on n'a que trop rarement l'occasion de voir - et encore plus dans le septième art hexagonale.
Tendu et stressant tout du long, le film est une oeuvre anxiogène et paranoïaque, citant gentiment Kafka (La Métamorphose) et Le Village des Damnés de John Carpenter avec sa génération d'ados surdoués hostiles, tellement rongés par le fatalisme/cynisme et la déshumanisation d'une société dont ils n'ont que trop bien compris les tares et les failles, qu'ils en deviennent instinctivement terriblement terrifiant et dangereux, et n'auront de cesse de jouer avec le sang-froid et les nerfs de leurs professeurs - mais aussi les nôtres.



Le tout dans un cadre mystique " Kingien " en diable, qui ne fait que renforcer l'appartenance à un cinéma de genre dont Marnier suit scrupuleusement les codes avec une assiduité rare, pour mieux asséner sa charge politique à la face d'un spectateur qui n'en demandait décemment pas tant.
Choc générationnel propisce à la comédie chez des cinéastes bien moins inspirés, Meunier en fait ici le terreau parfait d'un cauchemar sur pellicule, un drame social profondément fantastique qui glisse irrémédiablement vers la fable ecologique couillue et pertinente.
Ça s'appelle du grand cinéma racé et intelligent, tout simplement.


Jonathan Chevrier