[CRITIQUE] : Killing
Réalisateur : Shinya Tsukamoto
Acteurs : Sosuke Ikematsu, Yû Aoi,…
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Art-Martiaux, Drame.
Nationalité : Japonais
Durée : 1h20min
Synopsis :
Au milieu du dix-neuvième siècle, le Japon quitte l’époque féodale pour entrer dans une nouvelle ère. Un rōnin vivant auprès de paysans assure la tranquillité du village, jusqu’à ce qu’on lui propose de rejoindre un groupe de mercenaires.
Critique :
Chanbara intimiste façon trip mystico-poétique à l'esthétique naturaliste, offrant un regard crepusculaire sur les dernières heures d'un mythe légendaire autant qu'une interrogation fascinée sur la violence & la mort,#Kiling ne va jamais où on l'attend et c'est très bien comme ça pic.twitter.com/N27xI7CFrM— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 15 septembre 2018
Vétéran rebelle d'un cinéma de genre asiatique qui lui doit énormément (tout même, diront certains), Shinya Tsukamoto à une filmographie aussi méchamment barrée et électriques qu'iconoclaste, qui offre toujours un regard acéré sur le mythe de la violence autant que sur la noirceur qui habite l'âme humaine.
Après sa bouillante (et très gore) charge anti-guerre Fire on The Plain, il nous revient plus en forme que jamais - et après un passage par la case Venise -, avec Killing.
Un vrai/faux film de sabre qui prend le parti pris incroyablement couillu de ne pas tomber dans une folie sauvage et sanglante arme au poing, mais bien de déconstruire l'aura mysthique du samouraï en lui faisant mesurer le coût et le mourd fardeau de la vie, dans un vertige étonnament resserré (80 minutes tout rond) d'une richesse incroyable.
"Killing" © D.R. |
Chanbara intimiste façon errance brutale, froide et furieusement viscérale dans un cadre presque cauchemardesque, aux combats d'une énergie et d'une urgence féroce (même si la mise en scène caméra à l'épaule, sans doute volontairement illisible pour ne pas magnifier la violence, ne leur rend pas toujours justice), constamment sublimé par le score incroyable de Chu Ishikawa, Killing incarne autant une oscultation fascinée et crepusculaire des dernières heures d'un mythe légendaire (celui des samouraïs) basé sur l’honneur et le courage à une heure ou le Japon - en toile de fond - entame une transition decisive, qu'il s'échine à s'interroger sur la violence et la mort (et notamment, la culpabilité entourant ceux qui la donne).
Pur trip mystique, psychologique et poétique à l'esthétique naturaliste - limite terne - qui perd clairement de son impact dans son dernier tiers - littéralement fou furieux -, le dernier Tsukamoto n'est décidemment pas là où on l'attend (on imaginait tous un wu xia pian bien badass avec un héros maniant le sabre comme personne), et c'est très bien comme ça...
Jonathan Chevrier