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[CRITIQUE] : Happiness Road


Réalisateur : Hsin-Yin Sung
Acteurs : Lun-Mei Kwei, Te-Sheng Wei, Bor Jeng Chen, Hui-Jen Liao, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Taïwanais
Durée : 1h51min

Synopsis :
Tchi vit aux USA où elle s’est installée, à la poursuite du « rêve américain », après ses études à Taiwan. Sa grand-mère adorée vient à mourir et la voilà de retour dans sa ville natale, où elle retrouve sa famille, ses souvenirs d’enfants et son quartier Happiness Road. Tout se bouscule dans son esprit : ses souvenirs d’enfants, la petite et la grande histoire, l’amertume de l’exil, ses espoirs de carrière, son fiancé américain et sa famille aux traditions un peu ringardes… Et si finalement le rêve américain n’en était pas un  ? Tchi finira-t-elle par se retrouver alors qu’elle ignorait s’être perdue ?




Critique :


Happiness Road est le premier long-métrage de la journaliste et écrivaine Hsin-Yin Sung, après de nombreux court-métrages remarqués dans les festivals du monde entier. Fable sur l’enfance et le parcours pour devenir adulte, le film conte un retour au source bénéfique pour une jeune femme perdue, en quête de réponse.
On ne peut parler du film sans discuter un minimum du monde de l’animation à Taïwan. Il faut savoir que Disney était bien implanté sur l’île et sous traitait les dessins pour leur film d’animation. Jusqu’à récemment. Le papa de Mickey a décidé de fermer les studios d’animation traditionnelle pour se concentrer sur les CGI, ce qui met à mal l’industrie de l’animation taïwanaise. Happiness Road est donc un nouveau départ et démontre toute la maîtrise de l’animation du pays.


Tchi est une jeune femme taïwanaise partie vivre aux USA pour travailler et se marier avec un beau et jeune américain. Elle vit donc très loin de sa famille, ne les appelle pas beaucoup et ne vient pratiquement plus les voir. Sa grand-mère meurt, Tchi ne peut se résoudre à ne pas venir lui rendre un dernier hommage. Elle part donc vers son ancien chez soi. Mais elle va vite découvrir qu’elle ne sait plus où elle en est. Revenir chez ses parents lui permet de faire resurgir ses souvenirs d’enfant, ses rêves (qu’elle n’a bien sûr pas réalisé). A-elle pris les bonnes décisions ? Où va-t-elle dans sa vie ? Est-elle heureuse ? Tchi va faire plus que dire au revoir à sa grand-mère, elle va aussi se retrouver.
Rare sont les films qui utilisent parfaitement l’art du flash-back. Ici, la réalisatrice les lie parfaitement au récit et arrive à ne jamais perdre son spectateur grâce à une temporalité bien gérée. Le récit est fabriqué en trois points : le passé de Tchi, de son enfance (la découverte de l’école, rencontre avec sa meilleure amie Betty, etc…) jusqu’à l’âge adulte (la rentrée dans le monde du travail, son départ pour les États-Unis, sa rencontre avec son mari,...), le présent et un côté onirique représentant les rêves et cauchemars de Tchi. Tout ceci aide la réalisatrice à établir la prise de conscience de son héroïne. Les souvenirs font écho au présent et vice versa.


Happiness Road profite aussi pour brosser en arrière fond les changements de Taïwan. Entre le jour de naissance de Tchi en 1975, le jour même de la mort du dictateur Tchang Kai Chek. Des premières élections en 1996. Du fait que la langue taïwanaise était interdite en classe, seule existait le mandarin. Des manifestations pour la liberté d’expression. Du tremblement de terre meurtrier en 2005. Pendant 30 ans, l’île de Taïwan connaît un passage de transition entre un état de dictature à une société démocratique et multiculturelle. Ces changements accompagnent Tchi et ses questionnement internes. Taïwan et l'héroïne principale se complètent.
Entre désillusion, espoir et rêve, Happiness Road dresse un portrait de femme en quête de réponse dans un monde en perpétuel changement. Par un dessin épuré aux couleurs chatoyantes et douces, le film porte avec lui une mélancolie et une sensiblerie qui feront mouche. Peut-être que devenir adulte, c’est tout simplement de trouver sa voie on happiness road.


Laura Enjolvy

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