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[CRITIQUE] : Les Indestructibles 2


Réalisateur : Brad Bird
Acteurs : avec les voix de Gérard Lanvin, Louane Emera, Amanda Lear,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre :  Animation, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min.

Synopsis :
Notre famille de super-héros préférée est de retour! Cette fois c’est Hélène qui se retrouve sur le devant de la scène laissant à Bob le soin de mener à bien les mille et une missions de la vie quotidienne et de s’occuper de Violette, Flèche et de bébé Jack-Jack. C’est un changement de rythme difficile pour la famille d’autant que personne ne mesure réellement l’étendue des incroyables pouvoirs du petit dernier… Lorsqu’un nouvel ennemi fait surface, la famille et Frozone vont devoir s’allier comme jamais pour déjouer son plan machiavélique.



Critique :

Passé la (petite) frustration de voir que la tant attendue suite du bijou de Brad Bird s'inscrive directement à la suite du premier opus (on aurait adoré voir Jack-Jack grandir et les enfants prendre un peu de bouteille), impossible pour tout amoureux des premières bandes de la firme à la lampe, de ne pas être épris d'une nostalgie folle à la vision des premières secondes des Indestructibles 2, tant la famille Parr, même quatorze ans après, n'a pas pris une seule ride - à la différence de nous hein.
Et si le premier opus offrait une radiographie pleine de sens du genre super-héroïque (avec une intrigue au beau milieu des 60's, entre film de super-héros et film d'espionnage " Bondien "), en plein essor à l'époque (la concurrence était considérablement réduite en comparaison à aujourd'hui), ce second film  - produit un poil à la va-vite - arrive carrément au coeur de la bataille, à une heure ou la demande devient de manière totalement contradictoire, aussi lassante qu'enthousiasmante.



Mûrement réflechi, bien ancré dans son époque en renversant - mais pas que - gentiment les rôles en s'attachant au prisme de la vie de foyer du point de vue du père de famille (c'est à Bob, vite dépassé, de s'occuper des enfants et à Hélène cette fois-ci, de bouter du méchant) et en rayant le concept d'image public (à une heure où les réseaux sociaux font rage), encore plus " spy movie " et volontairement vintage que le précédent et déjouant pleinement la règle du " bigger and louder " de toute suite made in Hollywood; Les Indestructibles 2 enfonce le clou du bon goût jusqu'au fondement et incarne une suite aussi étonnante et visuellement impeccable que brillante, plaçant la famille, et non les super-pouvoirs (tous symboliques de la dynamique familiale), au coeur des débats, poussant de facto l'empathie et l'attachement du spectateur pour les Parr (tous finement croqués et loin des stéréotypes faciles) à son paroxysme au sein d'une intrigue certes un poil prévisible, mais tout du long prenante.



Vrai/faux film de super-héros inventif et thématiquement dingue, rythmée façon pure comédie familiale sur la banalité du quotidien la guerre des genres, portée par des séquences d'action anthologiques et un score cuivrée virtuose de Michael Giacchino, Les Indestructibles 2 a tout bon à tous les niveaux, sublime les envolées cartoonesques autant que les Vrais moments de bravoure de ses héros.
Bref, Brad Bird prend à contre-pied la production actuelle et tue une nouvelle fois le game avec un petit bout de cinéma sincère, magique et drôle, tout simplement.


Jonathan Chevrier




De ces 14 années d’attentes, Brad Bird en fait un simple interlude et prend le mot suite au pied de la lettre. Rien de moins étonnant pour l’homme derrière Elastic Girl de faire du temps — surtout en matière d’animation — une matière élasthanne qui lui permet de nous replonger sans plus ample introduction à la dynamique déjà présente dans le premier volet.
Si Brad Bird s’appuie sur un schéma similaire au premier film, une comédie Wilderienne sur les tracas du quotidien se déroulant dans un univers de superhéros au rythme très Bondien, il injecte tous les bouleversements sociaux — et cinématographique — de ces 14 dernières années.



La première idée de génie, d’un long-métrage qui les multiplie, est l’inversement des rôles au sein du foyer des Parr. C’est au tour de Bob d’essayer de gérer ses enfants pendant qu’Helene s’efforce de réhabiliter les superhéros. Ce léger décalage par rapport au premier permet au cinéaste d’aborder une fraîcheur certaine, mais surtout et mine de rien, une réflexion sur la figure du père. Souvent homme d’autorité lointaine, Brad Bird en fait un homme en proie au doute qui se démène pour parvenir à être un bon père de famille n’ayant aucun besoin de sa femme pour gérer le foyer.
Si Bob assure la fibre humoristique du film, Helene devient le centre de gravité de l’intrigue « super-héros ». Le réalisateur s’ancre dans un mouvement féministe qui fait d’Elastic Girl une super-héroïne sacrément bad-ass qui n’a peur de pas grand-chose et a droit a des scènes d’actions vertigineuse et forcément dantesque. Elle devient au fur et à mesure une figure d’inspiration qui grâce à ses interventions parvient à changer la donne politique.


Mais, au milieu de tout cela, Brad Bird parsème une vision avec un brin d’amertume. Il faut dire que le réalisateur a connu un coup de revers avec son Tomorrowland, il dénonce alors une société préférant la simplicité à la qualité. Il pointe avec une quasi-malice le trop-plein de superhéros qui rend léthargique. Le méchant devient même le pire cauchemar de Marvel, il veut mettre fin au superhéros purement et simplement. Dans le prolongement de ce segment, Bird s’interroge sur la manipulation de l’opinion publique que l’ont pousse a adhérer à une idée plus qu’a réfléchir par elle-même. Dans le même temps, il évoque un monde obnubilé par la communication, l’importance de l’image que l’on renvoie.
Bien sûr, Les Indestructibles 2 est riche de la vision de Brad Bird qui n’est en aucun cas dichotomique. Il offre des nuances à chacun de ses propos, si quelques pointes de cynisme viennent parsemer le film c’est la tendresse qui prend le dessus à la fin du compte. Avec ce film, Brad Bird ne redéfinit pas le film de superhéros, il réaffirme juste que sa vision était plus intéressante que tout ce qui s’est fait entre.


Thibaut Ciavarella



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