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[FUCKING SERIES] : Severance saison 1 : Parce que c’est leur projet


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Lumon Industries, une firme technologique multinationale, a mis au point une procédure révolutionnaire : la « dissociation » - ou severance en anglais. Avec une simple petite opération, un individu peut séparer ses souvenirs en deux. D’un côté ceux de votre vie privée. De l’autre ceux de votre vie professionnelle.

Copyright Apple TV+

C’est de ce high-concept que découle Severance, dernière création de la, désormais, incontournable plateforme Apple TV+. Le récit plonge le spectateur au sein d’un groupe de « raffineurs de macro-datas » et plus particulièrement de Mark. Ce nouveau chef d’équipe doit gérer le départ soudain — et inexpliqué — d’un de ses collègues et l’arrivée d’une toute nouvelle recrue récemment dissociée.
Vous l’aurez compris, Severance est une série qui cultive bien des mystères. Que cherche exactement Lumon Industries ? Les personnes dissociées le sont-elles vraiment ? Que veut dire « raffineurs de macro-datas » ? Toutes ses questions permettent à Dan Erickson, le showrunner, de construire un récit toujours passionnant. S'amusant avec le spectateur, il lui donne bien souvent des indices tout en l’encourageant à théoriser sur tel ou tel élément de l’intrigue. Et, chacun, finira par se prendre au jeu. Car, si dans un premier temps, la série prend son temps, plus les épisodes avancent et plus l’oxygène se fait rare tant on est pris dans ces rouages.

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Mais au-delà de ces nombreux mystères et questionnements, Severance est une série hybride. Tout à la fois workplace comedy, thriller high-tech et mélodrame déchirant, la création de Apple TV+, aurait pu vite se retrouver submerger par ces nombreuses influences. C’est tout le contraire. En ayant la maitrise des évènements et en évitant toute précipitation, Dan Erickson érige pas à pas son univers. D’un côté, il fait du lieu de travail un terrain de jeu idéal pour une satire cauchemardesque sur l’annihilation du monde capitaliste. De l’autre coté, le foyer devient l’endroit du mélodrame où le showrunner développer des thématiques autour de la perte et du deuil. Entre les deux, il construit ce thriller, haletant, qui pousse des réflexions telles que la notion de libre arbitre, mais aussi de toute la singularité de l’esprit humain.
Évidemment tout ceci ne serait pas grand-chose sans des personnages parvenant à accrocher chez nous quelques émotions. Pour cela il faut que rigidité des premiers épisodes s’estompe alors qu’apparait les failles et donc l’humain qui se cache derrière ce labyrinthe scénariste. C’est comme cela que Adam Scott, qui incarne Mark, peut livrer une performance d’une grande mélancolie. La série permet également à Christopher Walken d’émouvoir dans la peau d’un employé, Burt, transpercer par la douceur du sentiment amoureux. Notons aussi une Patricia Arquette, réellement effrayante en patronne au double visage.

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Et pour mettre cela en image, Dan Erickson s’adjoint les services de... Ben Stiller. Ce n’est pas la première fois que l’acteur/réalisateur fait une incursion dans le monde sériel. En 2018 il réalise Escape at Danemora (déjà avec Patricia Arquette au casting), une mini-série lugubre et cynique splendidement mise en scène par Stiller. Sur Severance il remet ça, avec une esthétique à mi-chemin entre la perfection scénique d’un David Fincher et les cadres atypiques d’un Sam Esmail. Le cinéaste créer une atmosphère rétrofuturiste qui ne cesse de jouer avec les possibilités de son récit. Du très beau boulot.
Alors, faites la seule chose à faire, regarder Severance. Parce qu’elle est, tout simplement, l’une des propositions les plus excitantes de ce début 2022 et confirme, s’il le fallait encore, à quel point Apple TV + est une plateforme incontournable.


Thibaut Ciavarella


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