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[CRITIQUE] : Les Sans-Dents


Réalisateur : Pascal Rabaté
Avec : Yolande Moreau, Gustave Kervern, François Morel, David Salles,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h25min

Synopsis :
Un clan vit à rebours de la civilisation, dans l'inframonde d'une décharge. Cette mini-tribu recycle en toute illégalité notre rebut pour s'aménager de manière étonnante un hameau de bric et de broc. La vie pourrait ainsi couler si une équipe policière ne se mettait sur leurs traces…



Critique :


Au panthéon des comédiennes francophones les plus douées encore en activité, force est d'admettre que l'on ne cite jamais assez la formidable Yolande Moreau, dont le parcours exceptionnel né sur la chaîne cryptée - Les Deschiens - à une époque où l'humour singulier avait encore sa place, l'a menée à côtoyer les cinémas d'Etienne Chatillez, Coline Serreau, Jean-Pierre Jeunet, Costa-Gavras, Albert Dupontel, Benoit Delépine/Gustave Kervern, Agnès Varda où même François Ozon et Stéphane Brizé.
Une grande dame, doublement en salles ces jours-ci, que ce soit dans l'excellent En même temps de Delépine et Kervern, mais aussi le résolument plus singulier Les Sans-Dents de Pascal Rabaté, proposition atypique et radicale comme l'actrice les affectionne, financé au forceps par un paysage cinématographique hexagonal qui a encore un peu de mal à soutenir ce qui est volontairement dans la marge.
Et la marge, il en est question ici puisque le coeur de l'histoire suit une communauté vivant à la marge de notre société, dans une décharge où ils recyclent tout ce qu’ils peuvent trouver ou voler, ce qui les placent sous le viseur d'une équipe de policiers qui enquêtent sur leurs méfaits.

Copyright Pascal Rabaté

Des marginaux " cro-magnonesque " que le cinéaste filme de manière ambiguë tant il s'échine à pointer avec bienveillance leur humanité autant qu'il les affuble d'une bêtise crasse, dénuée de toute profondeur d'écriture (ils ne sont finalement définis que par leurs tics corporels), les obligeant à s'exprimer par borborygmes/cris/onomatopées quant il le les fait pas plonger tête la première dans les clichés faciles (un manque criant de manières, entre deux concerts de reflux divers,...) et une innocence sonnant faux.
L'idée de satire sociale corrosive et impertinente est visible comme le nez au milieu de la figure, louchant sur le cinéma béni de Scola autant que sur l'humour très visuel et burlesque de Tati (qui ne fonctionne jamais vraiment), le problème est qu'elle n'arrive pas à prendre sur le gazon d'une intrigue artificielle et (beaucoup) trop absurde pour son bien.
Pas vraiment drôle ni réellement touchant dans sa manière poétique et loufoque d'aborder la précarité et la marginalité au coeur de la société contemporaine, Les Sans-Dents pêche par son manque d'inspiration et d'ambition (jusque dans sa mise en scène), même si sa galerie d'interprètes, fusion entre Les Deschiens et Groland (le trio François Morel/Yolande Moreau/Gustave Kervern fait clairement le job), fait preuve d'une envie certaine.
Non, l'originalité ne fait - vraiment - pas tout.


Jonathan Chevrier



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