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[CRITIQUE] : Une Pluie sans Fin


Réalisateur : Dong Yue
Acteurs : Yihong Duan, Yiyan Jiang, Yuan Du, Chuyi Zheng, ...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Chinois
Durée : 1h57min

Synopsis:
1997. À quelques mois de la rétrocession de Hong-Kong, la Chine va vivre de grands changements… Yu Guowei, le chef de la sécurité d’une vieille usine, dans le Sud du pays, enquête sur une série de meurtres commis sur des jeunes femmes. Alors que la police piétine, cette enquête va très vite devenir une véritable obsession pour Yu… puis sa raison de vivre.




Critique :


Premier film du réalisateur Dong Yue, Une pluie sans Fin a reçu le grand prix au dernier festival du film policier Beaune. Prix amplement mérité quand on voit avec quelle maîtrise le film distille une ambiance sombre, digne des plus grands films policiers.



Ce qui fait la force du film, c’est la profondeur de son propos. Pendant que l’enquête prend le dessus, Dong Yue n’hésite pas à présenter en sous texte une Chine industrielle, en pleine transition pendant la rétrocession de Hong Kong. Le film devient petit à petit une étude captivante sur les changements économiques et sociaux et les conséquences sur ses habitants.
Alors évidemment, la comparaison avec un certain film coréen du nom de Memories of Murder peut être faite. Et on ne se trompera pas si on pense que le film a beaucoup inspiré Dong Yue. On y retrouve la même atmosphère lourde, la pluie qui emprisonne les personnages par sa présence constante. Mais le film petit à petit se détache de son grand frère. Là où Memories of Murder utilisait l’absurde et l’humour servant à désamorcer la descente aux enfers pour mieux revenir à l’atmosphère sombre, Une pluie sans Fin reste dans sa lourdeur et son premier degré, aidé par une magnifique photographie sombre et désaturée.



Yu Guowei n’est pas un inspecteur à proprement dit. Il travaille à l’usine, en tant que chef de la sécurité. Quand il se présente au début du film, il épelle son nom en choisissant des expressions tonales il se présente comme “résidu inutile d’une nation glorieuse” (Yu Guowei). il s’identifie donc comme une victime de la modernisation, identification renforcée par les derniers plans du film. Lorsqu’il n’attrape pas les voleurs de l’usine où il travaille, Yu s’imagine en vrai détective. C’est avec toute la bonne volonté possible qu’il s’attaque à l’enquête du tueur en série. Par ses propres moyen et se mettant lui-même en danger dans une magnifique course poursuite sous la pluie, Yu va petit à petit tomber de haut et s’apercevoir qu’il n’est pas si doué que ça pour résoudre des enquêtes. Sa vie part en lambeau et une longue descente aux enfers l’attend, jusqu’au point de non retour.
La fin peut paraître décevante, mais elle est au contraire très cohérente avec le propos d'Une pluie sans fin. Elle envoie un fort message: qu’importe la force des rêves et inspirations, la société avale tout, telle une pluie drue qui balaye toute trace de vie.



Malgré quelques petites longueurs que l’on peut facilement pardonner pour un premier long métrage, Une pluie sans Fin impressionne par sa maîtrise. Dong Yue est un jeune réalisateur-scénariste à surveiller de très près.


Laura Enjolvy

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