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[CRITIQUE] : Mutafukaz


Réalisateur : Shoujirou Nishimi et Guillaume "Run" Renard
Acteurs : Avec les voix de Orelsan, Gringe, Redouanne Harjane, Féodor Atkine,...
Distributeur : Tamassa Distribution
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Français, Japonais.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Angelino est un jeune loser parmi tant d’autres à Dark Meat City, une mégalopole sans pitié sous le soleil de Californie. La journée, il livre des pizzas dans tous les recoins de la ville et la nuit, il squatte une chambre d’hôtel minable avec son coloc Vinz et une armada de cafards qui font désormais un peu partie de sa famille. À la suite d’un accident de scooter lorsque son chemin a croisé par inadvertance la divine Luna, une fille aux cheveux noir de jais, notre jeune lascar commence à souffrir de maux de tête et d’étranges hallucinations. Des hallucinations, vous avez dit ? Hmm, peut-être pas... Pourchassé par des hommes en noir, Angelino n’a plus aucun doute : il est pris pour cible. Mais pourquoi lui ? 



Critique :


Dans la catégorie des bandes dessinées qui fouttaient un grand coup de pied dans les burnes du genre pour mieux s'en démarquer et faire son trou, Mutafukaz de Guillaume " Run " Renard se pose bien-là, mélange totalement décomplexé des genres à la sauce West Coast, qui dès son titre - joliment fleuri -, annonçait clairement la couleur.
Intronisé gentiment mais surement au panthéon du cool des aventures sur papier, voilà désormais que le phénomène débarque sur grand écran, non sans un accouchement férocement douloureux (huit ans de gestation, mais il est le fruit d'une belle et inédite collaboration franco-nippone avec les studios Ankama et 4°C), et avec la sacrée lourde tâche de condenser un fantastique et dense univers, sur un tout petit peu plus de quatre-vingt-dix minutes de métrage.



Vraie expérience de cinéma aussi sensorielle et graphique qu'elle est proprement délirante, respectant autant son matériau d'origine (en partie, évidemment, la trame du métrage reprennant simplement celle du premier tome) qu'il lui offre une expansion jubilatoire et totalement imprévisible, Mutafukaz est un put*** de trip animé aussi explosif et volontairement trash qu'il est d'une ingéniosité sans bornes.
Un petit bout de péloche punk et référencé à mort (Invasion Los Angeles en tête), mettant tout du long l'accent sur l'action - furieuse et graphiquement virtuose -, tout en doublant son récit de quête identitaire empathique, d'une belle ode barrée à l'amitié la plus sincère.
Parfois confus et éreintant, porté par un découpage sous LSD et un casting vocal plus qu'adéquat (Orelsan et Gringe), le film de Shojiro Nishima et Guillaume Renard est un boulet de canon lancé à vive allure à la face du spectateur, une tornade hybride trash, hystérique et grisante, dont on ressort conquis et totalement dépouillé... mais surtout conquis.

Jonathan Chevrier