[CRITIQUE/RESSORTIE] : Feux dans la plaine
Réalisateur : Kon Ichikawa
Acteurs : Eiji Funakoshi, Osamu Takizawa, Mickey Curtis, Masoya Tsukita,...
Distributeur : La Filmothèque Distribution (ex Ciné Sorbonne)
Budget : -
Genre : Drame, Guerre.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h47min.
Date de sortie : 1er mars 1961
Date de ressortie : 10 décembre 2025
Synopsis :
Les derniers jours de l’armée impériale japonaise aux Philippines en 1945. Au centre de l’histoire, le soldat Tamura, qui fuit désespérément dans les plaines comme tant de ses compagnons traqués par les guérilleros qui les signalent au moyen de feux. Dans une atmosphère de fin du monde, les derniers survivants s’entretuent pour survivre.
Le retour en salles de l'un des faiseurs de rêves japonais les plus mésestimés et polyvalents du cinéma japonais de la première moitié du XXe siècle, l'inestimable et prolifique Kon Ichikawa, se passe résolument bien, quand bien même son rythme mériterait d'être un poil moins tranquille.
Il faut dire, deux films en un an, c'est un poil maigre : Le Pavillon d'or en janvier dernier (mise en images de l'une des œuvres les plus acclamées de Yukio Mishima), une plongée subtile dans la noirceur, souvent opaque, de l'âme humaine façon récit à la fois onirique et fragmenté qui pose un regard sans concession sur les contradictions du Japon d'après-guerre au moins autant que sur sa jeunesse tourmentée; et dans un second temps, L'Étrange Obsession, sorti il y a une poignée de semaines, adaptation du sulfureux roman La Clef ou la Confession impudique de Jun'ichirō Tanizaki, une charnelle et vénéneuse invitation dans la maison des perversions, où la profonde indignation d'un homme pour sa propre vieillesse (et l'impuissance sexuelle qu'elle lui renvoie) comme l'apathie de son entourage à se laisser instrumentaliser par ses fantasmes, convoque un tsunami tragique face auquel, ironiquement, tout le monde restera impuissant.
Bonne nouvelle, La Filmothèque Distribution, déjà derrière la distribution de L'Étrange Obsession, offre un nouveau cadeau sous le sapin des cinéphiles : une ressortie toute pimpante du magnifique Feux dans la plaine, adaptation du roman éponyme de Shohei O-oka, cauchemar sur pellicule illustrant le calvaire/la débâcle de l'armée japonaise au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale, au plus près d'une âme damnée et érrante, un être résigné à mourir et aux confins d'une folie qui n'étiole en aucun cas son sens du devoir, qui lutte contre ses tourments intérieurs comme avec une tuberculose qui l'a totalement écarté de son régiment.
Un zombie ambulant et désespéré, appelé à suivre ses propres instincts - même les plus vils - pour survivre.
Fable existentielle et humaine autant que récit de survie douloureusement brutale et viscérale, à la fois profondément antimilitariste et incroyablement pertinente sur la complexité de la volonté humaine, évoquant l'horreur - absolue - de la guerre comme l'absurdité et la dépravation de l'homme avec une lucidité rare et une beauté indicible, le film est un diamant noir, un chef-d'œuvre qui n'épargne absolument rien ni personne, et encore moins son auditoire.
La guerre est dégueulasse, l'homme encore plus.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Eiji Funakoshi, Osamu Takizawa, Mickey Curtis, Masoya Tsukita,...
Distributeur : La Filmothèque Distribution (ex Ciné Sorbonne)
Budget : -
Genre : Drame, Guerre.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h47min.
Date de sortie : 1er mars 1961
Date de ressortie : 10 décembre 2025
Synopsis :
Les derniers jours de l’armée impériale japonaise aux Philippines en 1945. Au centre de l’histoire, le soldat Tamura, qui fuit désespérément dans les plaines comme tant de ses compagnons traqués par les guérilleros qui les signalent au moyen de feux. Dans une atmosphère de fin du monde, les derniers survivants s’entretuent pour survivre.
Le retour en salles de l'un des faiseurs de rêves japonais les plus mésestimés et polyvalents du cinéma japonais de la première moitié du XXe siècle, l'inestimable et prolifique Kon Ichikawa, se passe résolument bien, quand bien même son rythme mériterait d'être un poil moins tranquille.
Il faut dire, deux films en un an, c'est un poil maigre : Le Pavillon d'or en janvier dernier (mise en images de l'une des œuvres les plus acclamées de Yukio Mishima), une plongée subtile dans la noirceur, souvent opaque, de l'âme humaine façon récit à la fois onirique et fragmenté qui pose un regard sans concession sur les contradictions du Japon d'après-guerre au moins autant que sur sa jeunesse tourmentée; et dans un second temps, L'Étrange Obsession, sorti il y a une poignée de semaines, adaptation du sulfureux roman La Clef ou la Confession impudique de Jun'ichirō Tanizaki, une charnelle et vénéneuse invitation dans la maison des perversions, où la profonde indignation d'un homme pour sa propre vieillesse (et l'impuissance sexuelle qu'elle lui renvoie) comme l'apathie de son entourage à se laisser instrumentaliser par ses fantasmes, convoque un tsunami tragique face auquel, ironiquement, tout le monde restera impuissant.
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| Copyright La Filmothèque Distribution |
Bonne nouvelle, La Filmothèque Distribution, déjà derrière la distribution de L'Étrange Obsession, offre un nouveau cadeau sous le sapin des cinéphiles : une ressortie toute pimpante du magnifique Feux dans la plaine, adaptation du roman éponyme de Shohei O-oka, cauchemar sur pellicule illustrant le calvaire/la débâcle de l'armée japonaise au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale, au plus près d'une âme damnée et érrante, un être résigné à mourir et aux confins d'une folie qui n'étiole en aucun cas son sens du devoir, qui lutte contre ses tourments intérieurs comme avec une tuberculose qui l'a totalement écarté de son régiment.
Un zombie ambulant et désespéré, appelé à suivre ses propres instincts - même les plus vils - pour survivre.
Fable existentielle et humaine autant que récit de survie douloureusement brutale et viscérale, à la fois profondément antimilitariste et incroyablement pertinente sur la complexité de la volonté humaine, évoquant l'horreur - absolue - de la guerre comme l'absurdité et la dépravation de l'homme avec une lucidité rare et une beauté indicible, le film est un diamant noir, un chef-d'œuvre qui n'épargne absolument rien ni personne, et encore moins son auditoire.
La guerre est dégueulasse, l'homme encore plus.
Jonathan Chevrier






