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[CRITIQUE] : Reedland


Réalisateur : Sven Bresser
Acteurs : Sven Bresser, Gerrit Knobbe,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Hollandais, Belge.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Lorsqu’il découvre le corps sans vie d’une jeune fille sur ses terres, Johan, fermier solitaire, est submergé par un étrange sentiment. Alors qu’il s’occupe de sa petite-fille, il se lance à la recherche de la vérité, déterminé à faire la lumière sur ce drame. Mais le mal se cache parfois derrière les apparences les plus ordinaires...





Il y a des séances dont la nature du langage peut sensiblement nous échapper, quand bien même son accent nous apparaît presque universel dans ce qu'il convoque, dans sa résonnance parfois particulière.

Si nous ne sommes (vraiment) pas familier avec l'accent batave, le premier long-métrage du wannabe cinéaste néerlandais Sven Bresser, par une langue cinématographique qui nous est elles instinctivement universelle et parfaitement lisible, même au coeur du cauchemar mystérieux et pastoral qui caractérise donc Reedland, à l'intrigue savamment minimaliste : un vieux veuf et solitaire coupeur de roseaux dans l'arrière-pays hollandais, va se faire le témoin malgré lui d'une scène terrible, la découverte d'un corps sans vie d'une jeune fille, dissimulé sur son lieu de travail.
Un événement qui redéfini, déchire littéralement son existence, tend particulièrement un village jusqu'ici (trop ?) tranquille et à l'hostilité rationnée (mais désormais décomplexée), durement confronté à une lente et inexorable érosion économique qui vient tuer l'artisanat, comme à des pulsions destructrices que tous ne semblaient même pas s'avouer.

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Démarrant d'une manière profondément singulière, comme s'il cherchait à mettre son auditoire au défi dans ce qui se présente comme une vraie profession de foi autant sur la personnalité de sa figure titre que sur la suite de son déroulement, où la répétitivité du geste qui définit toute une vie, vient embrasser la chaleur comme l'atmosphère lourde et austère d'une nature prête à tout bouleverser, en nous ramenant brutalement à notre mortalité.
Passer le choc, Bresser délivre un exposé à la fois onirique et psychologiquement méticuleux de l'effroi rural où chaque regard, chaque mot vient empoisonner une atmosphère profondément anxiogène, vient encore un peu plus marquer une terre qui, face à une violence que l'humanité cherche à oublier par le feu purificateur, lui répond en la laissant stagner à la surface, en ne cachant plus la pourriture.

Itinéraire d'un malaise païen que la fumée peine à dissiper (nous rappelant parfois au bon souvenir du cinéma de Bruno Dumont), qui tente de capturer la nature du mal d'une manière à la fois calme et réfléchie, Reedland fait se heurter l'humanité à sa propre obscurité au sein d'un thriller contemplatif et sensoriel certes pas dénué d'aspérités, mais intimement captivant.


Jonathan Chevrier