[CRITIQUE/RESSORTIE] : Un été chez grand-père
Réalisateur : Hou Hsiao-Hsien
Avec : Mei Fang, Wang Qiguang, Gu Jun, Lin Xinling,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Taiwanais.
Durée : 1h33min
Date de sortie : 14 décembre 1988
Date de ressortie : 26 novembre 2025
Synopsis :
Leur mère étant gravement malade, des enfants vont passer quelques semaines chez leur grand-père, dans le centre du pays. Un été lumineux, gorgé de soleil et de rires. En apparence seulement, car les jeux et les farces dissimulent des drames insoupçonnés. La mort rôde partout, obsessionnelle, en embuscade dans la pénombre d’une enfance naïvement heureuse et secrètement meurtrie.
Au sein d'un mois de novembre particulièrement chargé en ressorties (un pur bonheur, quand bien même la gymnastique pour s'y perdre en salles, combinée à une grosse salve de sorties traditionnelles chaque mercredi, devient de plus en plus complexe à tenir dans laisser une tonne de séances sur le carreau), qui a vu Werner Herzog, Patrice Chéreau et Francis Ford Coppola se voir offrir des rétrospectives, aux côtés de Michael Mann, Eric Rohmer, John Woo où encore Kon Ichikawa et Werner Schroeter : place au maître taiwanais Hou Hsiao-Hsien et au retour dans les salles obscures de l'une de ses oeuves les plus méconnues, Un été chez grand-père, dégainé par une Carlotta toujours dans les bons coups pour gâter les cinéphiles les plus avertis.
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| Copyright Carlotta Films/Marble road productions Ltd. |
Petit bonbon Ozu-esque triste et exubérant à l'approche délicate et naturaliste, capturant l'innocence et l'oisiveté de l'enfance confrontée à la dureté de la vie d'adulte, HHH compose ici un poème à la structure savamment épisodique où les premiers segments incarnent de belles épiphanies enfantines à la chaleur champêtre, se laissant lentement envahir par la rugueuse fraîcheur de la dureté déroutante d'une existence dont on ne comprend pas encore la logique - aussi illogique soit-elle, parfois.
Tout du long à hauteur d'enfants, encapsulant son récit à travers le point de vue biaisé et incomplet d'une enfance qui ne comprend que d'infimes détails du réel entre des amusements - comme d'un ennui - intenses, l'histoire (qui s'inspire des souvenirs d'enfance du cinéaste et de Chu Tian-wen, co-scénariste du film) s'attache aux aléas estivaux de Dong-Dong et de sa petite sœur Ting-Ting (même si, finalement, c'est en quelque sorte leur oncle qui sert de véritable moteur au récit), qui quittent temporairement Taipei pour la province et des vacances annuelles organisées chez leur grand-père autoritaire et paternaliste, alors que leur mère malade doit rester à l'hôpital en ville.
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| Copyright Carlotta Films/Marble road productions Ltd. |
Déroutant comme l'immensité et la complexité d'un monde à la violence abrupte (où comme des dynamiques familiales dysfonctionnelles, embaumées par les drames et le deuil), que l'on essaye de comprendre comme d'y échapper, authentique comme la pureté d'un imaginaire qui fait transforme les perspectives du temps et de l'espace; Un été chez grand-père, d'un minimalisme absolument ravageur (la patte même du cineaste taiwanais), est un mélancolique et poignant poème gravé dans le marbre de la pellicule, par un cinéaste qui n'a jamais oublié ce que c'est que d'être un enfant.
Une douce (re)découverte qui mérite amplement son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier



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