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[CRITIQUE] : Room Temperature


Réalisateurs : Dennis Cooper et Zac Farley
Avec : Charlie Nelson Jacobs, John Williams, Chris Olsen, Stanya Kahn,...
Distributeur : Léopard Films
Budget : -
Genre : Comédie, Épouvante-horreur, Drame.
Nationalité : Américain, Français.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Comme chaque année pour Halloween, une famille transforme sa propriété en maison hantée. Le père s’obstine à rendre l’attraction la plus effrayante possible, peu importe les conséquences.





Il y a quelque chose d'étrange, voire même de profondément frustrant à l'idée qu'un artiste aussi culte qu'anarchiste et subversif telle que Dennis Cooper, figure phare du queercore dont la maestria plume punk et talentueuse a su sensiblement dépasser ses propres frontières américaines au fil du temps (auteur que, rappelons-le, Bret Easton Ellis avait surnommé « le dernier hors-la-loi de la littérature américaine grand public », ça péte quand-même mignon sur un profil LinkedIn), ait dû attendre son troisième passage derrière la caméra d'un septième art qu'il a rejoint avec un naturel confondant (sans pour autant y renouer avec tous les thèmes " fétiches " de son oeuvre, allant du cannibalisme à la nécrophilie en passant par le fétichisme extrême, même si son nihilisme désabusé comme son humour sardonique, n'ont rien perdu de leur superbe), pour se voir enfin invité dans nos salles obscures - et dans l'indifférence générale, malheureusement.

Un juste retour des choses pour ce qui est, à n'en pas douter, l'un des plus beaux, surréalistes et imprévisibles portraits d'une Amérique white trash en pleine décomposition, aliénée par les pulsions réprimé et engourdies du sexe et la violence.

Copyright Léopard Films

Toujours chapeauté avec son comparse Zac Farley, Room temperature refuse toute structure traditionnelle tout reprenant à son compte la tradition purement américaine des « home hunts », pour mieux pointer la brutalité sourde et intrinsèque qui perverti une famille dysfonctionnelle qui, en s'enfoncant lentement mais sûrement dans les méandres du monde du simulacre, de la recontextualisation radicale de leur cocon, laisse le macabre et la violence dénuée d'émotion qu'ils mettent en scène se confondre, démolir toutes les frontieres entre représentation et réalité.

Reprenant la tension à la fois calme et glaciale de leur précédent effort, Permanent Green Light (moins son style Bressonien, évidemment), tout en jonglant continuellement sur le fil tenu de l'absurde et du grotesque, le tandem croque une satirique et fétichiste histoire de fantômes où, sous le joug d'une angoisse symbolique devenant viscérale, la perversité comme la pourriture qui se cachait derrière le vernis de la normalité comme d'un patriarcat de façade, explose à la tronche d'un auditoire qui n'en demandait pas tant.
L'une des belles découvertes du moment, assurément.


Jonathan Chevrier