[CRITIQUE] : Grafted
Réalisatrice : Sasha Rainbow
Avec : Jess Hong, Eden Hart, Mark Mitchinson, Jared Turner,...
Distributeur : Les Films du Camelia
Budget : -
Genre : Épouvante-Horreur.
Nationalité : Néo-zélandais.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Wei, une brillante étudiante chinoise au visage marqué par une malformation, part étudier dans une prestigieuse université en Nouvelle-Zélande. Marginalisée par ses camarades, elle poursuit les recherches de son père, un scientifique décédé, pour créer un sérum de beauté et devenir ainsi populaire.
Ce n'est pas parce qu'il fait décemment moins de boucan que son voisin australien, où même parce qu'il n'a pas le même lustre déglingué qu'à une époque pas si lointaine, où le (doux) fou furieux Peter Jackson laissait parler son inventivité déglinguée, que le cinéma horrifique néo-zélandais ne vaut pas décemment le coup d'œil, loin de là même.
Habitué des coups de projecteurs généreux du côté de chez Shadowz (pensez aux excellents Loop Track de Thomas Sainsbury et The Rule of Jenny Pen de James Ashcroft), c'est dans les salles obscures qu'il vient exposer tout son potentiel avec Grafted, premier long-métrage pas toujours habile mais gentiment irrévérencieux de la wannabe cinéaste Sasha Rainbow, véritable diagramme de Venn cinématographique qui louche tout autant du côté body horror sanglant qui n'a jamais peur de ses élans grotesques (ce qui s'inscrit d'autant plus dans un mouvement FemGore sensiblement en vogue), du thriller psychologique gentiment affuté comme du récit initiatique complexe et - étrangement - empathique.
Bordélique comme programme donc mais d'une ambition et d'une générosité folle.
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| Copyright Les Films du Camélia |
Tout du long logé entre Rabbit et Carrie (et même un doigt de Mean Girls), la péloche colle au plus près du quotidien anxiogène en terres néo-zélandaises, de la jeune Wei (une excellente Joyena Sun), brillante étudiante chinoise au visage marqué par ce qui peut être considéré une malformation, qui tente de poursuivre les expériences frénétiques de greffes de peau et les recherches de son père; un scientifique qui a un peu trop joué de maniere insensée et malsaine avec Dame Nature jusqu'à, justement, y laisser sa peau malade.
Elle désire fièrement s'inscrire dans ses pas pour créer un sérum de beauté et s'extirper ainsi autant de la malédiction familiale, que de la spirale infernale de sa marginalisation, entre humiliation et xénophobie (pas aidé certes, par l'autel glauque qu'elle a dédié à son père, ni par les signaux macabres de ses expériences).
Une quête désespérée qui la fera totalement basculer du côté obscur de la force, au détour de greffes qui ne feront que bouleverser encore un peu plus une identité - et une psyché - déjà fragile...
Une narration cousue main donc, permettant à Rainbow autant de triturer d'une manière plus où moins aboutie/subtile quelques thèmes familiers du genre (snobisme de classe, xénophobie exacerbée qui se fait les réminiscences d'un passé colonial, prise en grippe d'une hégémonie culturelle imposant des canons de beauté absurdes et irréalistes, dysmorphie corporelle chez des figures adolescentes, ...), que de se laisser aller à un gore tout autant grincant que férocement over-the-top, culminant à un final à la fois cruel et grotesque à souhait.
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| Copyright Les Films du Camélia |
Alors, évidemment, tout n'est pas parfait, premier effort oblige, et il y a de quoi tiquer que ce soit du côté d'une mise en scène pas assez organique à celui d'une performance globale inégale (allant de pair avec une écriture qui perd de sa cohérence au fil des minutes), sans oublier un rythme un chouïa trop lancinant pour son bien, mais il y a une énergie suffisamment Z qui irrigue les bobines de Grafted, pour ne pas en faire une séance hautement recommandable, surtout quelques heures après qu'Halloween se soit montrée particulièrement pingre en frissons jouissifs/régressifs en salles...
Jonathan Chevrier



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