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[CRITIQUE] : Duel à Monte-Carlo del Norte


Réalisateur : Bill Plympton
Avec : avec les voix de Daniel Kaufman, Jim Lujan, Tom Racine,...
Distributeur : ED Distribution
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Américain, Français.
Durée : 1h20min.

Synopsis :
Slide, un cowboy solitaire armé de sa seule guitare, arrive dans la ville forestière de Sourdough Creek, gangrénée par la corruption. Le maire et son frère jumeau y sèment la terreur et se préparent à raser un petit village de pêcheurs pour ériger Monte-Carlo del Norte, un lotissement de luxe qui servira aux besoins du tournage d’un film hollywoodien. Prêts à tout pour s’enrichir, ils n’auront aucun scrupule à mettre en danger l’équilibre de la communauté et de l’environnement et à tuer quiconque s’opposera à leur projet.
Lorsque Slide rencontre Delilah, c’est le coup de foudre. La jeune entraineuse du Lucky Buck Saloon aidera le nouvel arrivant à nettoyer la ville. Ils seront secondés par Hellbug, la bestiole géante des enfers. Bill Plympton, dont l’imagination n’est une fois de plus pas en reste, nous entraîne ainsi dans une lutte sans merci où tous les coups sont permis.





Il y a sensiblement de quoi s'interroger sur la folie qui émane de la créativité - littéralement - sans limites de Bill Plympton, trublion déglingué de l'animation US dont il n'est jamais trop tard pour (re)découvrir l'étrangeté sublime de son travail entre folie inspirée, histoires improbables, animation saccadée (comme ses transitions brutales) et jeux de mots visuels extravagants, du déglingué et génial L'Impitoyable Lune de miel !, pépite de comédie pour adultes totalement WTF-esque et décomplexée (une comédie absurde poussée jusqu'aux plus extrêmes extrémités du dadaïsme) à Les Mutants de l'espace, peut-être encore plus férocement inspiré par l'animation nippone, lui dont l'esprit Mad ne le gênait pas du tout pour briser le moindre tabou (zoophilie, sexualité crue, gore à foison,...), quand bien même la forme l'emportait bien trop sur le fond (le film ne se faisait in fine qu'un enchaînement de vignettes à peine reliées entre elles).

Copyright ED distribution

Bonne nouvelle, neuf ans après Revengeance co-signé avec Jim Lujan, c'est par la force d'un nouvel effort en solo qu'il nous revient dans les salles obscures, Duel à Monte-Carlo del Norte, odyssée aussi grotesque que brute à la production compliquée (financement via crowdfunding et pandémie du Covid-19 oblige) qui revisite autant les codes et les stéréotypes du western à forte tendance crépusculaire, qu'il égratigne mignon l'industrie Hollywoodienne (une charge pertinente tant il est un vrai artisan totalement hors du système) - avec même un doigt de pamphlet écologique en prime.

Le tout au détour de la vendetta d'un cowboy solitaire (un " Pale Rider " purement Eastwoodien) armé de sa seule guitare - et d'une bestiole géante -, décidé à nettoyer la ville forestière (tout droit sortie de Twin Peaks, où pas loin) de Sourdough Creek de toute sa corruption, avant qu'elle ne soit transformé en projet immobilier et touristique spéculatif appelé à servir de décor de cinéma.

Copyright ED distribution

Plus grotesque et anarchique que jamais (avec une révérence assumée au surréalisme fou de Tex Avery) dans sa caricature du folklore de l'Ouest américain, marquée par son humour toujours aussi potache et facile, Duel à Monte-Carlo del Norte se fait une fable mythique et mystique au classicisme assumé, quatre-vingt minutes d'inventivité pure aussi éreintante que jubilatoire.
Du gentiment trash fait à la main et avec le coeur mais sous substance, surréaliste et délirant, la définition parfait d'un cinéma underground un brin perdu dans les limbes aujourd'hui.

Oui, le vrai cowboy solitaire du cinéma d'animation ricain, c'est bien Plympton.


Jonathan Chevrier