Breaking News

[CRITIQUE] : La Vague


Réalisateur : Sebastián Lelio
Avec : Daniela López, Lola Bravo, Avril Aurora, Paulina Cortés,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Comédie Musicale.
Nationalité : Chilien.
Durée : 2h09min.

Synopsis :
Printemps 2018, une vague de manifestations déferle sur le Chili. Julia, une étudiante en musique rejoint le mouvement de son université pour dénoncer le harcèlement et les abus subis par les élèves depuis trop longtemps. Alors qu'elle trouve le courage de partager avec les étudiantes un souvenir qui la hante, elle devient de manière inattendue une figure centrale du mouvement. Son témoignage, intime et complexe, devient une vague qui secoue, perturbe et désarme une société polarisée.





Sur le papier, il était difficile de ne pas attendre avec un tant soit peut d'impatience le nouvel effort du cinéaste chilien Sebastián Lelio, repassé de la plateforme au Toudoum aux salles obscures, tant elle promettait d'incarner une fusion particulièrement audacieuse entre l'œuvre militante/activiste et le spectacle musical (dans une volonté furieusement maladroite, de sisncrire dans l'ombre du somptueux Ema de Pablo Larraín), le tout inspiré d'un mouvement un mouvement féministe bien réel, qui avait a éclaté à l'Université d'État de Santiago, au Chili, où des étudiantes ont accusé leurs professeurs comme certains de leurs camarades de VSS et d'abus de pouvoir.

Copyright Metropolitan FilmExport

À l'écran, la " vague " promise par son titre (également en VO, La Ola), oscillant tout du long entre ferveur militante et introspection plus où moins profonde, n'est pas aussi renversante qu'espérée, flanquée qu'elle est au plus près de la tragédie entourant Julia, étudiante en deuxième année, dont la voix devient tout autant un instrument essentiel pour exprimer son desir de justice, qu'un puissant cri de ralliement lorsque son campus s'embrase et que d'autres victimes s'expriment.

Pourtant, tous les éléments sont présents pour concocter un vrai et beau moment de cinéma, d'une série de chorégraphies et de chansons souvent visuellement saisissantes (fruit d'une mise en scène tout aussi enlevée que théâtrale), à une énergie chorale faisant de la protestation (et donc de sa critique sociale) une performance bruyante, un acte politique où chaque pas, chaque refrain se doit de renforcer les convictions - et encore plus en la sienne -, se doit d'avoir pour but de radicalement bousculer l'inertie institutionnelle comme les lignes d'une société patriarcale, même s'il appelle inéluctablement à la violence et aux clivages idéologiques qui creusent encore plus sa vulnérabilité.

Copyright Metropolitan FilmExport

Mais c'est justement dans cette approche hyperkinétique que le film trouve tout autant sa force que sa faiblesse, dans l'opposition entre la complexité et la méticulosité de sa direction, et la puissante impression d'immobilité de sa narration redondante et sans nuances, le cinéaste se perdant un peu trop dans les méandres d'un didactisme excessif qui sape son propre exposé (quitte à lui-même se mettre en scène, en brisant le quatrième mur), et encore plus à sa volonté d'inscrire sa catharsis libératrice dans une spontanéité brute.

Plus Emilia Pérez que Ema donc, malgré sa célébration d'une lutte puissante et ô combien légitime et essentielle.


Jonathan Chevrier