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[CRITIQUE] : D'Abdul à Leila


Réalisatrice : Leila Albayaty
Avec : -
Distributeur : Les Films des Deux Rives
Budget : -
Genre : Documentaire, Drame.
Nationalité : Belge, Qatari, Saoudien, Allemand.
Durée : 1h32min

Synopsis :
Après une amnésie causée par un accident, Leila, jeune artiste française d’origine irakienne, reconstruit son histoire en se rapprochant de sa famille et en plongeant dans ses racines. Elle apprend l’arabe, interprète les poèmes de son père irakien exilé, s’immerge dans l’histoire de la guerre du golfe en Irak. L’odyssée d’une femme qui chante son histoire pour se réinventer, habitée par un irrépressible désir de vivre.




Dans un océan de sorties où il est difficile de ne pas crouler sous les vagues incessantes des propositions diverses et variées (dont la quasi-intégralité, sont elles-mêmes même menacées d'être écrasé sous le poids des plus imposantes d'entre-elles), quelques productions arrivent néanmoins à se démarquer et à titiller plus que les autres, notre intérêt.
Notamment du côté d'un giron du documentaire trop rarement mis en avant - tout du moins, par les cinéphiles les moins avertis.

Aux côtés d'un autre documentaire infiniment nécessaire, Les mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio, D’Abdul à Leila de Leila Albayaty est clairement fait de cette pellicule-là, docu-fiction jonglant autant entre la chronique intime et l'essai cinématographique profondément singulier et à la lisière du drame, qui tranche avec toute idée d'approche traditionnelle du médium.

Copyright Les Films des deux rives

Le film est avant tout et surtout l'histoire de Leila, jeune artiste française d’origine irakienne contre qui la vie n'a pas ménagé les coups et qui, a la suite d'une amnésie causée par un accident, va tenter de refaire sa vie - littéralement - en renouant avec les siens et son propre héritage, une découverte de ses origines comme si monde arabe (dans l'apprentissage de la richesse de sa culture - pas uniquement artistique - comme de sa langue) qui la guideront vers la voie souvent rude des souvenirs refoulés.

Tout autant carnet de voyage familial et sociopolitique joliment didactique, que journal intime d'une femme meurtrie dont on suit la vulnérable reconstruction avec une authenticité rare, D’Abdul à Leila, qui se déploie selon plusieurs axes bien précis (les récits parentaux, l'apprentissage de Leila et ses efforts pour se rétablir, un voyage en Égypte ou encore quelques digressions artistiques,...), est un effort atypique aussi généreux qu'il est pétri d'humanisme, à la poésie comme à la sincérité jamais forcée.
Une (très) belle découverte.


Jonathan Chevrier