[CRITIQUE] : Shadow Force

Réalisateur : Joe Carnahan
Acteurs : Omar Sy, Kerry Washington, Mark Strong, Method Man,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min.

Synopsis :
Un couple séparé dont la tête est mise à prix, doit s'enfuir avec leur fils pour éviter une milice qui a été envoyée pour les tuer.




Au-delà du fait qu'il n'ait jamais réellement eu le rayonnement qu'il aurait pu mériter (excepté peut-être l'enthousiasme suscité par ses débuts), on peut pourtant décemment voir Joe Carnahan comme le versant populaire de Quentin Tarantino, dans le sens où il n'a jamais concocté de bandes ayant une prétention à n'être plus que des séries B de luxes, des films furieusement marqués par sa cinéphilie débordante et burnée, sans qu'ils ne soient frappés par une quelconque fétichisation de la culture populaire.

Pour les bouffeurs de VHS de la grande époque, il serait le tonton rigolard et fun qui te claquerait une bonne claque dans le dos, en te laissant carte blanche pour te perdre au coeur d'une collection de bonnes bisseries qui tâchent et sentent bon le sang et la poudre... et on aime toujours ses tontons là.
Sauf que la avec son nouvel effort, ce bon vieux Joe s'est gentiment foutu de notre poire et a même un peu chier sur nos godasses en se lâchant sur les siennes, histoire peut-être de mieux initier des réconciliations en bon et due forme avec nous comme avec la férocité de ses meilleurs essais via RIP, sans aucun l'une des bandes les plus attendues de l'année au cœur du certes rachitique, catalogue de " films originaux " made in Disney.

Copyright Lionsgate

Mais revenons-en à nos moutons et à l'immonde Shadow Force, sorte de condensé confus et amorphe de tous les spy movies récents, jouant sur l'impossibilité de tout agent/espion à pouvoir faire coïncider une vie professionnelle violente, à une intimité dite " normale " (piochez à l'aveugle entre Mr. and Mrs. Smith, The Family Plan, Role Play où encore le tout récent Back in Action), avec deux comédiens à l'alchimie certes notable - Omar Sy et Kerry Washington -, mais qui ont tout d'une solide erreur de casting une fois la première bobine lancée (on sauvera Mark Strong, parfait en... proto-Mark Strong).

Voguant avec assurance sur la voie de la narration schématique et stéréotypée dénuée de toute profondeur, tout en bazardant la moindre de ses séquences d'action avec un déficit de rythme et une nonchalance irritante (explosions, fusillades, courses-poursuites en bateau ou à Mustang, combats au corps à corps : tout y passe mais rien n'est filmé avec inspiration où envie, même dans un dernier acte qui dégueule tout ce qu'il peut à la tronche de son auditoire), le film n'est rien de plus qu'une énième déclinaison prête à l'emploi d'une formule éculée et obsolète depuis plusieurs décennies - parfait pour le catalogue Prime Vidéo donc.
T'es chiant Joe, vraiment...


Jonathan Chevrier